vendredi 26 septembre 2014

communication du Mouvement d'Agitation Libertaire (M.A.L.) en égard des promesses d'édition mondiales qui cachent l'esclavage grandissant

Alain :

Amazon débute en fait avec la barbarie capitaliste, mais il y aura une Amazon révolutionnaire comme les Phalanstères de Fourier, si l'on met tous un peu de soi. Une sorte d'ordre religieuse New Age. Pour l'instant je peux faire moi l'état de surfaces d'édition (je refuse de les appeler plateformes, puisque je n'ai pas le ressenti de m'être sur-élevé ) où il est désormais permis de publier de livres et de les distribuer, tel l'aurore distribue la rosée, de partout dans la planète.

M.M.

jeudi 25 septembre 2014

le nom des divinités liées à un certain type d'action

j'ai déliré
pour du bien
j'ai dansé j'ai mis fort la musique
j'ai écouté simultanément des conférences du collège de france et du rock
j'ai fait un tirage du tarot aleister crowley avec suivi géomantique de ma propre invention
le bonheur je le prends par morsure sur les flancs de fortune
voici le bonheur du loup
pas besoin de drogues cannibales nouvelles pour sentir cela

mardi 16 septembre 2014

Gender Wars by Manuel Montero

donnez de vos nouvelles (avec les histoires de la panthère rose)


1659. Donnez de vos nouvelles
Par Manuel Montero (A.R.C.), dimanche 13 juin 2010 | 79 commentaires
C’est une idée d’auddie, mais le titre m’est venu et aussi la réflexion suivante : le cannibalisme revient chez le blanc parce qu’on n’amène plus l’enfant mettre des fleurs aux tombes. Du coup l’on rêve que ça se mange. J’ai beaucoup aimé les nouvelles du début de riprip qu’il mettait sur Marilou, je crois. D’ailleurs riprip rip deux fois ça veut dire ça se mange pas, attention, c’est déjà en décomposition avancée, ce cadavre littéraire. Il n’y a qu’un clochard désespéré qu’y mordrait. Bref, l’idée d’auddie était d’ouvrir un fil pour des (petites ? l’on se doit d’un formatage ?) nouvelles. Autofiction à tout va ou bien conte chevaleresque, nous verrons si ça tient.

Commentaires

1. la panthère rose (C.), le dimanche 13 juin 2010
Elle prenait des photos de l’atelier et du peintre dont elle était modèle. Le disciple également chinois (également Taiwan) du vieux maître était aussi sur une de ces photographies blanc et noir. Elle était très attachée psychologiquement à ce peintre chinois vivant au Mexique, elle en a été sa maîtresse pendant des années. Le disciple en a été un court passage et elle en a été aussi sa maîtresse. Elle se souvient de lui comme d’un jeune "assez sorcier". Pourquoi n’avait-elle décrit son maître, pour qui elle a eu un plus durable amour plutôt comme le vrai sorcier, étant peintre de la matière et de sa particulière théosophie, avec le besoin de la regarder nue, toujours, pour "s’inspirer", pour "avoir la force", lui qui connaissait déjà toutes les épaisses tricheries qui nous joue l’art. Je pense que le désir nous rends sorciers aux yeux des autres. Et ce jeune plus partant était plus près de l’inconscient de l’adolescent, donc, même si moins sciemment séducteur, plus enivrant à boire.
2. riprip (A.R.C.), le lundi 14 juin 2010
LA VIE DE PATACHON
Les femmes réclament la parité, elles ont raison, question de respect. Du haut de ses 15 ans, Patachon les soupçonne quand même de vouloir garder certains secrets pour elles.
Patachon, qui est marron en tribun, cultive d’instinct une langue écrite et ceci spécialement pour la composition de rimes amoureuses. Il va reconquérir Cécilia à l’ancienne, pas comme un chien battu, beau joueur, en grimpeur au maillot à pois rouges qui a salé la soupe, qui remonte la pente, peut-être même tout simplement avec le maillot jaune. Il lui dédie un chant. D’elle, par elle, pour elle. Planant. Patachon imagine sa dulcinée tenant le feuillet génial de lui, effleurant le tronc hâve d’un jeune bouleau, là-haut sur la colline où le ciel dégouline un fard chromatique. Cécilia d’un songe aux seins gonflés, à l’eau à la commissure, aux narines mâchant un chewing-gum imaginaire comme font les lapines, récitant d’une voix haute et tremble les occurrences dédicacées à Aphrodite. Et puisqu’on déclame sur une espèce de mont Olympe, à Eros_et pourquoi pas Dionysos :D
Des mots, lesquels ? Ne rien démontrer, régaler. Le bon sens : l’imitation d’abord puis l’invitation. La chance, c’est le modèle, la beauté des traits. Au taf, Patachon ! Du papier, n’importe, volant, un crayon même horriblement sec, un billet doux dur au travail.
Le meilleur professionnel qui touche des droits de vieux loup ressemble au débutant, il sait passer pour un aventurier, bien qu’il soit comme tout le monde, prisonnier du destin, cette enceinte concentrationnaire – euphémiquement le discernement dans l’histoire.
Une idée. Un synopsis vague suffit au plan d’un sonnet. Quatorze vers à quinze hivers. Un zeste hormonal de rhétorique, de blabla métrique. Rimes pincées. Une grosse poignée de cheveux tirés. Surtout pour le souffle, mais pardon, le halètement, les râles de plaisir, pour qu’on ne sache plus si le sujet jouit ou souffre, hommage aux mille coups amoureux du Tao, l’art chinois d’aimer : césurer à tous les hémistiches.
La bluette fait gentiment pitié. Sans avoir lu Aristote, Patachon sait, sent : du rythme, de la sensiblerie, faire rimer triomphe. Bonne chance, Patachon... Intrépide, il ose la chute osée, cerise sur le ghetto, mamelon sur le sein. Quand même il hésite, atermoie, supprime le passage, le reprend, ainsi vingt-quatre fois, trouve du ciment, intègre la strophe au tégument du texte. L’éternité orphique qui reste…
La passion n’est-elle que papier ? Sorti d’une torpeur créatrice bien connue des stakhanovistes, son travail couché sur le vélin, poésie champagne, hourra glamour, Patachon redevenu télégénique introduit sa dernière lettre affranchie au tarif en vigueur dans le con postal. Il aurait pu envoyer un texto ou un mail, mais non, aristocrate du cœur, il a besoin d’un héraut. Il évalue, mentalement excité, le facteur temps pour que la missive accoste le port de Cythère.
Alors c’est l’attente fragile, vite consumée, mangée par les petits cochons. Un mois. Sans nouvelles. Aucune. Jamais. Une fille, deux fois la honte. Rimailleur. Puceau archétypique. Qu’est-ce qu’on sait au juste de Patachon, du futur nihiliste intègre ? L’oracle ? La pensée magique ? Chââââââââmmmaaaannnn
3. la panthère rose (C.), le lundi 14 juin 2010
LA VIE DE PORCELET (exercice)
Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ces réalisateurs de cinéma, se demandait Porcelet, à consommer de la drogue comme si c’était de l’eau ? Le souvenir ébouriffé d’une amie lui venait, qui avait traversé l’Atlantique sans même des sandales, pieds nue dans la cabine de l’avion, parce que les paramilitaires avec des mitraillettes étaient entrés la chercher dans son restaurant. Elle avait perdu ses chaussures. Porcelet n’avait pas l’habitude de fumer en société. C’était quelque chose qui chez lui se passait toujours en pantoufles et en train de mettre en papier sur un cahier moleskine, assis dans un fauteuil, chancelant, ses états d’âme. Petit à petit, revenant à soi, il pouvait comprendre que le metteur en scène, et d’ailleurs l’actrice, avaient besoin de la même inspiration que lui mais dans de travaux en équipe, dans l’interaction avec d’autres membres de la même création. Le cinéma était l’image en mouvement, tournée de surplus comme on tourne à la main une clope. Il se sentait comme s’il avait été tourné en train de faire un strip-tease, et il avait du mal à faire tenir son image de soi dans l’ivresse partagée.
4. la panthère rose (C.), le lundi 14 juin 2010
(Addenda à la Vie de Porcelet)
Oui, Porcelet est aussi rose, comme les roses. Sa cochonnerie est le juste contrepoids du parfum de la fleur précieuse. C’était comme ça pour Singet, à prendre ou à laisser, le fameux Porcelet. Il se dédoublait parfois dans un autre personnage, son ami Singet, dont je vous parle, une espèce d’alchimiste sportif qui connaissait tout et qui se faufilait dans tous les interstices d’une société que ni lui ni Porcelet comprenaient tout à fait, mais à laquelle ils opposaient le jeu permanent, le défi conjoint de la pensée double du séducteur.
Il s’était dit un jour Singet qu’il fallait partir vers le Nord, aller à Barcelone, ou mieux, à Paris, ancienne capitale de toute l’Europe, cour par excellence de toute société. Là-bas les métaux abondaient et les artistes aussi. Il avait lu un aphorisme de Léonard da Vinci qui conseillait aux artistes d’en côtoyer d’autres, de sorte que l’émulation réciproque (communautaire) rende les oeuvres meilleures et plus riches en nuances.
Sa première aventure connue de moi fut de faire face au Grand Rire. Mais cela ferait une autre nouvelle, et vous avez vu que je ne suis plus dans la tonalité requise. D’ailleurs, bravo et merci, Gino.
5. Manuel Montero (A.R.C.), le lundi 14 juin 2010
la pluie ici comme au Lu Shan
Je n’ai pas attendu auddie très longtemps. Il m’a semblé si réceptif que son visage se perd dans la bruine de ce début du soir, opaque et tiède. Je le connaissais déjà comme quelqu’un de poli. Son absence à présent me le représente poli au sens littéral, rendu indiscernable par l’érosion de la pluie. La Toile n’est plus finalement qu’un mirage qui fait penser au sommeil, anticipation de la mort. J’ai voulu lui montrer le Père Lachaise, mais le trouvant fermé, nous nous sommes perdus et avons dû prendre de mousseux escaliers depuis un pont qui obscurcit la rue des Pyrénées. Je veux juste parler de ce moment préalable à l’entretien. J’ai eu l’impatience de m’intéresser à l’état de choses d’un projet commun. J’ai eu un tremblement dans la voix demandant de précisions légales, puisque cela me faisait sentir vieillot. Mais n’étant pas si mondain que ça, j’étais forcé de poser quelques questions.
6. riprip (A.R.C.), le lundi 14 juin 2010
LA VIE DE PATACHON 2
Beaucoup de questions restent oubliées dans une bioanimation, voilà une règle axiomatique à laquelle nul n’est insoumis [son de conque quelconque]
Là, à 5 mètres, elle secoue une main pleine de doigts articulée au bout d’un long bras massique cerclé de bijoux fantaisie. Cette meuf fout le feu au sable. Il y a une réunion suspecte de bonhommes alentour. La créature s’offre pratiquement nue sur son drap de plage, entérinant l’intérêt inversement proportionnel à la quantité d’étoffe nécessaire à la réalisation des tenues de bain. Pour la dessiner, prendre pour modèle Claudia Cardinale dans Il Etait Une Fois Dans l’Ouest et ses lèvres ourlées de l’abrogation du réel en plus jeune et même plus jolie.
_Si on allait à la crique ?
Opinent. Echapper aux masses ointes.
Dans son une-pièce jaune plume, Pétra, fanal sur le rocher, guide les bateaux. Position latérale de sirène. Sporadiquement, une jambe brasse l’air pour faire houhou du pied à personne. Désir charnel de guitare ergonomique. Elle adore l’eau. Cette naïade nage à des kilomètres du bord. Patachon, qui tient pour une grande part du poisson, réussit à lui dérober un baiser à un mile des côtes. Il n’en démord pas, il jure avoir nettement distingué, au large, un homme très velu poivre et sel, sans doute en provenance de l’Atlantide eu égard au slip de bain introuvable dans le commerce, surgir à trois mètres de lui des abysses comme émerge le cétacé lambda, cracher un jet de vapeur et disparaitre derrière une vague.
_C’est peut-être Jacques Mayol » tente-t-il de ramener à des proportions plus rationnelles.
7. riprip (A.R.C.), le lundi 14 juin 2010
LA VIE DE PATACHON 3
Malheureux en affaires, malheureux en amour - proverbial.
La cliente la plus mignone de toutes, une bombe atomique explosant où bon lui semble, arrachant les membres de victimes toujours plus innocentes, réclame à Patachon une glace à la pistache...
_Dites Commandant, beaucoup de clients demandent le parfum pistache, on ne fait pas de cônes à la pistache ?
_A la pistache ? surenchérit le commandant qui soudain s’absorbe, inspire profondément comme quand il évoque les souvenirs de la grande guerre, les svastikas indiens et tout... Comme s’il attendait ce moment !
_Des glaces à la pistache hein hin hin hin...Dis-moi ptit, tu veux qu’on perde la came, c’est ça ? Tu sais à qui tu t’adresses là ? L’offre, la demande, la rentabilité, tu piges quelque chose à ces trucs, ma couille ?
Alliance de gestes comptables, de grimaces et de paroles modulées.
_Mon ptit gars, ya deux choses : primo, je travaille pas avec une ganache de hippie accroc à la marie-jeanne, c’est d’ailleurs le nom de ma charmante épouse. Quand j’apprends qu’un de mes employés est un putain de hippie accroc à la marie-jeanne, je le vire sur le champ. Deusio, je n’ai jamais vendu, ne vends pas et ne vendrai ja-mais de glace à la pistache, est-ce que je me suis bien fait comprendre, ducon ?
8. la panthère rose (C.), le mercredi 16 juin 2010
SUICIDE GIRLS
(ou les aventures de Nicolas de la Grenade)
Moi je suis sidéré que le docteur Alain n’ait jamais songé à se suicider. Il a dû y penser, avant d’avoir le poste, pour se consoler d’une idée cinématographique. Mais il passe à côté des suicide girls et il prétend "en connaître des cas" dans les entre-deux-guerres. Moi j’ai lu Werther en 1987 en compagnie de deux suicide girls de l’époque, à mon tour. Mais dans le groupe, il fallait que celui qui aille plus loin dans le flirt avec la mort soit notre jeune gourou, Raoul. La question était la dose de pose. Parce qu’une pose peut tuer. La pose masculine. Le gourou était jaloux de moi, même s’il me savait timide et peu remuant à l’époque. Ce sont donc les deux filles qui m’ont initié avec la lecture du Werther. Ma préférée, les yeux cernés et les longs cheveux noir de pêche encadrant le sperme blanc de son visage, était Ana Maria, qui était libre et qui se montrait ostensiblement solitaire. Je lui ai déclaré, dans une phraséologie de haute diplomatie, mon amour au pupitre.
La compétition était dure, le gourou avait 16 ans et sa propre culture. Il méprisait la mauvaise qualité des cours de latin. Evidemment en grec ancien il devait se rendre comme nous tous, les quelques peu d’élèves inscrits, à l’évidence du providentiel enseignant qui savait introduire le sublime dans l’exigence. Un professeur décidé à épater cette troupe de génies que nous étions, et qui nous mettait à un niveau supra-universitaire. Nous dévions mémoriser les lois phonétiques du passage du grec homérique au grec démotique, et ne pas perdre de vue l’esprit d’un Humboldt. Je pense que c’est tout ce qu’il nous à fait travailler et tous les sueurs froids de concentration à faire de fiches précieuses, pour toute une vie, ce qui nous a sauvés, surtout Raoul, du vrai suicide.
La compétition avec Raoul imposait que ce soient les filles qui me fassent lire le premier échelon du romantisme noir et du punk sublime, ce fameux Werther. La pose suicidaire qui m’était proposée. Non pas celle de Raoul, qui ne pouvait être transmise qu’aux filles. Prendre des photos de cadavres de l’ossuaire clandestinement au cimetière, sous LSD. Il dessinait des nonnes, vieilles et furieuses les unes, jeunes et tentantes les portraits de sa fiancée et d’Ana Maria. Le suicide de Raoul, de prime abord, c’est à dire ses tentatives à l’époque, m’est apparu comme un affaire adolescent, ce qu’était de facto le cas, et n’avait pas le degré de souffrance de ma névrose à moi. De prime abord le gourou m’avait apparu comme un potentiel apprenti, ou plutôt un prophète de ma propre érudition et de mon tourment, ainsi que de la précoce multitude d’influences qui occupait mes dessins. Ses dessins étaient des émulations d’une modernité madrilène pour laquelle il était encore trop jeune.
Ces suicide girls étaient muses de métier déjà à 16 ans en 1987. Ana Maria avait lu le Satyricon de Pétrone. Ana Maria, qui avait été exquise dans sa réponse à mon aveu au pupitre, un non complice et à peine un murmure, un sourire dans lequel aujourd’hui je discerne un pouls de coeurs qui s’accélèrent ensemble, elle m’avait reconnu initié parce qu’elle était au courant de mon immense érudition. Toute couverte de noir, comme un omphalos du temple qui était la classe, un nombril qu’on rêve de montrer à un vampire, au diable, ou même, les chaînes brisées, a Dieu. Et Raoul ne la toucha jamais, elle était une vierge consacrée à la drogue et à la littérature.
Quand elle s’est sentie prête pour m’accompagner aux bois de l’Alhambra et à des cycles de cinéma muet (nous avons vu ensemble Intolérance et un film de Stroheim), le licée était déjà passé. Elle avait appris ses premiers rires, le suicide s’affichait seulement s’il fallait parler sérieux.
Le bois de l’Alhambra sentait le nombril, les fauteuils du cinéma sentaient le nombril, les roses qui nous inspiraient le mépris sentaient le nombril, nos corps étaient jeunes et bons à rien. Je vais un jour la chercher sur facebook. Le docteur Alain sera très content.
9. la panthère rose (C.), le mercredi 16 juin 2010
SUICIDE 40’S
(les drôles d’aventures de Nicolas de la Grenade)
Il m’arrive de parler de mon ami Raoul, depuis des années, comme de quelqu’un qui est déjà décédé. Je parle presque de son suicide sans me rendre compte qu’il n’est pas encore mort, qu’il pourrait même me survivre. Je suis troublé dans ce sens par les signaux émises par son travail d’artiste. Elles sont contre moi comme la meute fumante de renardes à torche qui aveugla l’ennemi quelque part dans la Bible.
Moi, je suis arrivé, je me dis. Tandis que lui il est resté en chemin. Lui qui semblait l’Achille qui allait me devancer. Et plus on est près des quarante ans, plus on est semblables, moins certains sommes nous d’avoir fait un chemin. Nous sommes des tortues que les muses tapent de leurs ongles, impatientes. Nous sommes Achille entouré de femmes, travesti en fou, pour ne pas assister à la guerre de la vrai vie.
La solitude ne peut jamais cacher l’unique, mais le rendre plus évident. C’est comme ça que je peux passer des jours sans manger et faire apparition le matin chez une voisine avec un paquet double de chouquettes du coin métro Avron, ou raconter je ne sais quoi au téléphone. L’on me répond toujours avec tous le soins de la délicatesse, et je sens que malgré le refus de ma compagnie, les femmes me concèdent l’unique. Je suis plus un livre qu’un être humain.
J’ai ma garçonnière tapissé de livres dans le désordre le plus disparate et le moins raisonnable qu’on puisse avoir avec ces chers objets, ces jouets du poète. Il s’est passé quelque chose, les voleurs ont tout remué, l’on a tendance à se dire. Peux d’enfants ont une telle négligence en égard de leurs machins. Je ne prends soin que de deux ou trois détails, les touches de la vérité sur mon cas. Le sucre déjà dans la coupelle nespresso. Le téléphone pour tout modifier en cours de route, le pyjama consistant en un pull de laine vieilli et un pantalon italien taché de café. L’armoire pour cacher l’importun. Je devrais mourir, je me dis, je suis vachement heureux, j’en peux plus.
10. Manuel Montero (A.R.C.), le mercredi 16 juin 2010
Les lycéens pourraient faire l’exercice de trouver les fautes d’orthographe de la panthère rose. Un exemple de ce qu’il faut faire pour soi même, dans le texte de la vie. Moi j’ai repéré un "peux" qui devrait être "peu". L’important est que ça parle, mais corriger est nécessaire pour acquérir la spontanéité. Bisous.
11. Manuel Montero (A.R.C.), le mercredi 16 juin 2010
Et peut-être un "importun" qui est "inopportun", me semble.


12. auddie (C.), le mercredi 16 juin 2010
La plupart des personnes présentes auraient éteint leur caméra. Mais elle, elle me regardait, et ses deux copines regardaient également ; et tout le monde voyait, tout le monde savait. Le barbecue ne prenait pas. C’était la blague de la soirée. Rescue rescue, emergency, saucisses et brochettes végétariennes en approche au dessus du toit de l’immeuble comme un porte avion, seulement coupé au milieu du tarmac en résine de caoutchouc par un fil et son paratonnerre. Je me lève pour aller pisser. Je dissimule tant bien que mal mes fourmis dans les jambes. Sur le mur Cincinnati ciné cosaque on peint le nom du théâtre d’en dessous, en jaune et rose. La porte est retenue par un extincteur. Je redescend dans la fournaise du damier de solitude, tour infini de deux dames en disgrâce. Oui c’est bon je te tiens la porte, un batteur passe avec son gros tom. Je quitte la vue sur les cités, la cime des arbres fins, volages, tropicaux, durs à l’hiver. Au deuxième étage, je répercute mon ivresse sur une joie affamée. Ah il me faut du bois ! Le barbecue. Devant ma porte je sors les clés, derrière moi hurlent les guitares et frappe syncopée la batterie du groupe de death métal. J’ai souvent trouvés de bonnes accroches sur leur musique, des mots, des raclinettes, des blagues, des espérés. J’ai récupéré mes piles, je vais pisser. Ils continuent leur veto à la casse, au rontomplon, à la dinette. Je reviens, leur porte est ouverte, ils aèrent un peu, ils fument. Je passe la tète, je frappe. Eh bien, salut. Je suis votre nouveau voi...
Tu sais chanter ?
Euh ouais.
Alors on essaye.
Ok.
On a plus de chanteur.
Ok.
Ils se lèvent tous les six et retournent à leurs instruments ! L’un d’eux me donne un micro pas branché. Je reste comme un andouille avec mon micro, j’essaie de ne pas les regarder, j’ai une vague perception des tons jaunes, marrons, très salle de répèt’ rock, genre les doors, les stones, moquette, tapis, ampoules jaunes, rien de froid, jusqu’à temps qu’un autre percute, le bassiste ? Je ne les identifie pas, il faut qu’il se dévoue, brancher le câble sur son ampli. Ils ont l’air de gars cool, pas d’agressivité, assez jeunes, presque de bonne famille. Oeil du cyclone. C’est ça que j’ai. Je me concentre, visualise. L’un d’eux me tend une boîte de bouchons pour les oreilles. Je lui dit que non ça ira.
Ça part.
13. auddie (C.), le mercredi 16 juin 2010
panthère rose la classe
14. auddie (C.), le mercredi 16 juin 2010
Manuel je ne sais plus ce qu’on s’était dit. Mais j’ai été enchanté de vous rencontrer en vrai ! merci pour le relais ! c’était ça oui l’idée : le relais. Se suivre, passer un truc, même si ça morphe dans tous les sens. Bon c’est pas trop possible, on a tous nos lubies, mais en lisant un truc, on ré-écrit un autre truc.
riprip ce sera pour la prochaine, on fera pas de manières. peut-être en juillet. Mais Paris me coûte. elle me désorganise, elle me nuit, je me sens coincé. Je met toujours un ou deux jours à redevenir normal.
15. la panthère rose (C.), le jeudi 17 juin 2010
CONCERT À L’ERMITAGE
(poursuite expérimentale de la "vie de Porcelet" que vous connaissez)
Pour les personnages immortels de ton roman, dit Singet à Porcelet, choisis toujours les musiciens. Oui, et ma propre personne ajouta Porcelet. Choisis les musiciens, continua Singet, par leur minceur, par leur minceur d’âme, si on peut dire. Aux autres personnages tu peux leur donner de ridicules prénoms fictifs, comme les nôtres, mais respecte toujours la mémoire des musiciens que tu auras entendu jouer dans ta vie.
C’est ainsi que valet et docteur choisirent, dans le Paris du début du XXIe siècle, pour sujet de leur roman la chanteuse hongroise Zsuzsanna Vàrkonyi, qui leur semblait originale et en même temps intemporelle. De la musique tzigane on en a des millénaires qui scintillent comme une voie lactée du romanesque. Quant aux gitans de mon pays, en langue française, je pense au polonais, officier de Napoléon, passionné des gitans espagnols, Jan Potocki. Pour le cinéma en Espagne le grand témoin est Carlos Saura. Pour les autres pays, des metteurs en scène que les cinéphiles connaissent bien, et qui de leur vivant sont déjà entre eux si opposés par des rivalités, que je préfère oublier leurs noms. Mais qui ont tous produit du bon et grand cinéma.
Singet et Porcelet ne se mettaient pas d’accord si des deux concerts auxquels ils avaient assisté, l’un en 2008, l’autre en 2010, le meilleur était le solo ou bien le dernier concert à l’Ermitage, dont ils ne voulaient pas perdre ce même soir la magie et qu’ils essayaient de coucher comme premier jet de leur roman. Ils ne se mettaient pas d’accord parce que l’un d’eux voyait l’orchestre, même si bonne, couvrir trop la voix.
premier document
invitation pour hier soir
Le 9 juin 10 à 23:33, zsuzsanna varkonyi a écrit :
Chers amis,
Voici notre dernière concert au Studio de L’Ermitage avant le grand été !
Un concert avec les invités spéciales, une soirée italo-franco-americano- hongrois !!!!
Le 16 JUIN 21h 8, rue de L’Ermitage, 75020 Paris entrée : 8/12 euros
Avec :
My Friend Jeff ( USA )
Les Guappecarto (Italia)
Zsuzsanna & The Band ( Zsuzsanna Vàrkonyi - chant, accordéon, Csaba Palotai - guitare, Jeff Hallam - basse, Fred Norel - violon, Sylvain Lemêtre - percussions )
Alessandro Coppola de groupe NIdidarac ( Italia)
Soyez les bienvenus et venez nombreux !!!
deuxième document
lettre de fan
Chère Zsuzsanna,
vraiment félicitations pour ce concert. Nous avons assisté et je ne peux m’ôter de la tête que je dois écrire quelque chose à propos de ce concert si singulier. J’avais mis en ligne un texte sur un petit concert solo (plutôt duo avec Awena Burgess) en 2008. Mais c’était un texte inexpressif qui s’épuisait vite. Je me pose la question si je parviendrais à donner une certaine qualité littéraire à la chronique de ce soir. Déjà je suis ahuri de me permettre d’émettre un regard sur votre musique sans être épaulé par quelconque groupe de presse ou journal, depuis la position d’un esthète pure, et marginal par rapport aux courants d’opinion, et plutôt artiste peintre de profession, et avec pour langue natal l’espagnol. Je prends du café pour coucher sur le clavier les premières notes ou plutôt "phrases". Je vous remercie pour le merveilleux sujet de mémoire que votre concert m’a donné. Si l’envie vous vient de me livrer des suggestions ou des points à retenir vous êtes la bien venue.
Je profite pour vous inviter à connaître mon atelier, dont je vous donnerai l’adresse,
Cordialement,
M M
troisième document
lettre au journaliste Abelardo Munoz
Escucha a la artista que he estado escuchando hasta la medianoche en una sala contigua a casa, el Ermitage. Se llama Zsuzsanna Vàrkonyi y es quizas mi cantante preferida de las vivas. Tengo por algun lado un disco suyo. Puede ser que apenas tenga mi edad. Estoy escribiendo, de vuelta a casa, parrafos y mas parrafos que disuelvo en documentos blancos, porque no sé explicarme. Es muy fuerte, aunque delgada, su musica zingara no exenta de alta cultura y modernidad. Es el mejor folk posible en Europa, casi hasta hacer olvidar los viejos blues, que nos pillan en realidad de lejos. Solamente comparable a Camaron de la Isla. El enlace que te pongo es de un concierto anterior, al que no asisti. http://www.youtube.com/watch?v=BhNe_R8-MTM
poursuite de la poursuite
(une façon d’entreprendre une recherche dans la nouvelle musicale)
Je suis trop loin de la magie, elle a été fulgurante, dix mille pensées m’ont traversé, je n’ai pas pu m’empêcher de claquer les mains, de bouger la tête, de faire de grimaces et gestes invraisemblables chez un membre du public d’un concert. Ainsi j’ai signalé ma tempe d’un geste rotatoire quand Alessandro s’est trop emballé dans sa partie de concert. Sur le champ, ensuite, j’ai pris peur, je me suis dit : c’est un italien, il peut régler cela à coups de poing sur ma gueule. Mais j’ai osé le provoquer encore un peu enlevant mes lunettes, pour qu’il n’ai pas peur de frapper. Ensuite j’ai pensé à la lutte au couteau et là je me suis dit, carrément, j’ai un fils, je ne veux pas mourir de délicatesse par une question de musicologue ethnique, il faut que je prépare ce que je vais lui dire en italien :
document annexe
Caro pazzo, io diceba questo gesto per la mia moglie et la sua migliore amica. Io non faceba il gesto que per le due qui stabano con me. Noi siamo tutti qualque parte pazzi. Io non sono normale, io sono un povero pittore que tu ai veduto un puo artificiale nella sua apparenza ma lei a debuto intrare nel vostro concerto mostrando l’attestazione di mezzo prezzo. Io staba in costume per la donna qui faceba parte dei nostri megliore "Mécènes". Molti musici nel tempo hanno debuto si mettere in costume, e poi ritornare à la lora miserabile vita d’artisti degli aure. Ti prego di non uccidermi per la mia oppinione. La musica e un monumento de la libertà, et vuoi musici dobete mostrare il camino magnanimamente, graziosamente, come face la tua hospitalaria amica Zsuzsanna.
dernier document
My friend Jeff
C’est marrant comment il peut faire intello-timide tout à travers une poésie en anglais, chantée à la guitare, qui me fait penser à la consistance incommunicable de mon propre anglais, c’est à dire, à des pensées propres à ce que Severo Sarduy signalait comme la structure elliptique de la métaphore baroque, qui revient en Europe de façon radicale et indépassable chez Paul Celan. Mais c’est subjectif, ça ne veut pas dire que son écriture soit du Celan, non, il y a Ginsberg, mais soumis à une mythologie qui ne m’est pas étrangère et qui est dans l’air du temps, coagulée dans les paroles qui se succèdent quand Jeff chante.
Puis, pour finir avec l’accessoire, reprit Singet averti par les merles, les merles sempiternels, nous dirons l’intelligence courtoise et transmoderne du groupe Guappecarto, ayant pour protagoniste le violoniste, d’un lusus serius, un jeu d’or qui éveille toutes les puissances de la pensée.
Qu’en reste t-il encore pour parler de Zsuzsanna Vàrkonyi ?
Sa fidélité aux poètes, qu’elle met en musique avec le savoir d’un compositeur classique. Sa voix qu’on peut attribuer à l’ange parce qu’elle ne tombe pas, parce qu’il n’est pas d’affaire de nez, de gorge, même pas d’exercice respiratoire, mais de l’aigüe force des élements, de la terre quand elle frappe (ce "clay" ou argile dont parle Jeff), de l’eau dans la façon dont elle transmet dans les chansons anciennes la fluidité des lignages et des ancêtres, qui s’aiment et s’accouplent, tels les larmes et le visage du miroir, dans les carrefours des migrateurs, de l’air dans la diction claire et transparente d’une langue qu’on écoute presque comme si elle était écrite dans son sourire et dans ses mains, et le feu dans la chaleur avec laquelle on peut brûler ses propres souvenirs d’amour, ses propres angoisses de solitude, dans une malédiction qu’elle jetterait sur nous pour nous rendre toujours heureux.
Je pense qu’elle doit savoir quelque part que c’est grâce à elle et à sa musique que le monde est meilleur qu’il ne l’était. Moi je me rends compte quand je l’entends, en disque ou en concert, et je suis rassuré pour le jour de ma mort et pour les incertains jours de ma décadence.
16. riprip (A.R.C.), le jeudi 17 juin 2010
Le temps fait l’âme oligarque. Sans racine l’artificiel. Cependant, les faits surviennent comme frappe la folie, cette foudre.
LA VIE DE PATACHON 4 (il est toujours là !)
MONICA (sanglée place du mort) : Tu conduis bien. Que fais-tu dans la vie ?
LE CORYPHEE (à l’arrière) : Fais briller le CV !
PATACHON (au volant) : Dans la vie, bin, un futur sans dieu ni maitre.
LE CORYPHEE : La vie de l’homme stupide est au futur. Je valide, de justesse, en posant une réserve. Je fais mon boulot quoi.
MONICA (finaude) : J’aimerais me pencher sur le texte du néolithique dont tu m’as parlé.
LE CORYPHEE : L’adorable exégète qui postule.
MONICA : Regarde la route !
LE CORYPHEE : Elle veut dire « contente que tu reluques dans mon décolleté mais regarde la route ».
PATACHON : A ton tour de parler, qui es-tu à part Miss Simca 1000-86 ?
LE CORYPHEE : Allez fille de Gaetano, fais-lui une œillade, cambre ton corps, émets des signaux sioux, devineresse.
MONICA : Stop ! Feu rouge ! FREINE ! J’AI RECLAME LE FREINAGE !
LE CORYPHEE : Au secours nous entrons en collision !
Vlan, vrac, fla, rototom, ré bémol ! Symphonie de moteur arrière chutant sur l’asphalte. Climax. C’est fait. Le jour s’offre sur la rencontre de Monica et, deuil contrapuntique, la mort de Voitura-la-voiture-de-l’espace. Deuil-la-Barre.
DARWIN : L’intérêt personnel est le principe directeur de la nature.
MONICA : J’ai l’air de faire la gueule mais c’est pas grave, t’en fais pas.
PATACHON (perplexe, les yeux dans la rhétorique) : Je ne comprends pas, c’est la première fois que ça m’arrive.
Au sol de tout son être, le bloc moteur dégouline sa sauce. Chaos pyromaniaque de vapeur de cocotte-minute. Derrière, ça klaxonne. TUTUUUT. Vain.
Monica qui n’a pas que ça à faire se tient déjà à l’abri sur le trottoir. La belle hèle un taxi.-maq. Avant de s’engouffrer dans la berline, elle laisse son numéro et sollicite droit dans les yeux : « je tiens absolument à lire ton poème en protolangage ». Préhistorique la femelle ? Ya pas de raison, comme le mâle…
17. auddie (C.), le vendredi 18 juin 2010
mais qui se cache derrière panthère rose ?
18. la panthère rose (C.), le vendredi 18 juin 2010
Derrière la panthère rose (en fait un âne et non une panthère) se cache un derviche sentimental, à moitié juif, à moitié chinois-gitan. Mais ça reste entre vous et moi, auddie.
19. la panthère rose (C.), le vendredi 18 juin 2010
Non, je veux dire, derrière la panthère rose se cache un éléphant rose, auddie.
20. la panthère rose (C.), le vendredi 18 juin 2010
Mais pas de glace au pistache, Gino.
21. Manuel Montero (A.R.C.), le vendredi 18 juin 2010
Tu sais que je t’aime
Tu as voulu que je mange des fruits. Mais les cerises se mangent nu au cours des copulations, comme dans le tableau du Jardin des Délices du Bosch, qui est au Prado. Demande moi plutôt ça. C’est pas si grave, la tache cramoisie sur ma seule chemise italienne en état de "sortir". En fin de comptes les rayures sont de la même couleur. Je peux rêver que j’ai été enfin blessé au couteau, comme il m’arrive d’imaginer chaque nuit avant de m’endormir. Je ne sais comment tu aurais fait pour l’enlever, je mets toutes les onctions du ménage et toute l’eau du robinet et le rouge ne part pas. J’assume cette tache de cerise comme une médaille d’amour, comme la décoration d’un grand risque courtois entre toi et moi, l’usure des chemises, l’injustice du maladroit, Cupidon vengeur, qui tyrannise en douceur sa muse, qui se fait soigner comme par une infirmière de nuit au noir. Tu es absente, j’écris, je m’enivre de la seule cerise que ma paresse m’a fait consentir. Don Juan a peur des femmes, elles tachent d’une autre encre que celle avec laquelle ses livres sont écrits, elles tachent de sang.
22. la panthère rose (C.), le vendredi 18 juin 2010
Petite influence de Pierre Drieu de la Rochelle, je vous souffle...
23. riprip (A.R.C.), le vendredi 18 juin 2010
LA VIE DE PATACHON 5
Des cafards en bande nident sous l’évier. La peinture de toutes les boiseries réclame le respect, en ponçant propre, réponse du berger à la fée du logis. Quand on t’accueille à bras ouverts, voir comment après ils se referment.
CHORTHIPPUS PARALLELUS
Tandis qu’il la pousse et coince contre l’armoire, fiévreuse elle glisse "j’adore être acculée". Il lui donne, elle lui rend, un profond baiser. Les langues se frottent crûment, tartares. Lui, sa main droite remonte vers sis le sein côté cœur, et de son autre, il étreint Bouchra. La fille, plaquant paume chaude au bon endroit, tâte de la raideur, sous le jean, du gourdin. Sous l’effet de cette délicieuse caresse, prenant la tête de la belle en ses deux pognes, plus intensément, il la baise ; elle besogne. Le fermoir cède : sous son pull, elle est topless. Yeux luisent. Tous deux hochent du chef, oxygènent difficilement et montent en pulsations. Vlan ! Ils se choquent, se mitraillent d’électrons, chorégraphie de deux lutteurs romohellènes. Patachon s’accroupit, pose ses lèvres sur le ventre de Bouchra restée en position debout, le chandail remonté sur les nichons, lui p’lote le cul, du nez drague sa césure. Elle s’abandonne à ce plaisir qui s’éveille depuis les entrailles de la terre, c’est dingue. Sa petite culotte est trempée. Et les fringues, une volée d’aras. Le plus simple appareil. Patach’ l’ef(fleur)e, la mordille, toute entière. Hum, c’est bon. Mamelon, lobe auriculaire ou con, le ti poisson frétille tout partout où module la mélodie de sa partenaire. De sa langue vivante il cunnilingue à mort, en tendant détendant les coups de lape et le laps. Le bouton gonfle, enfle. Alors le valeureux patachon gobe tout rond qui mène la maure à un premier orgaste sur le bout d’un doigt dans le petit faisant monter le rose aux joues. Le timing con-vient pour la fellation : chouchou, belle bite ! dit Bouch’. Il faut surtout qu’elle soit bien dure professe B. Lahaie, pornographe. Miam la bonne pipe, d’abord labiale au gland, pis au tronc masturbée. Bouch’ délicatement secoue les noix dans ses melons, suce le paf comme elle se délecterait d’un esquimau - la glace, pas le jaune du cercle polaire-, varie les prises en bouche en rythmes ternaires. Là, elle lui avale tout le mister freeze. Rendu fou...il palpe...virilement... les seins. Mais doucement, le moment n’est pas arrivé pour que le morceau de chair se mette à baver. La partie ne fait que commencer, à desseins. Le giron de jade est le parc du paradis. Ivres, ils alternent mille coup amoureux (enfin !). Les vestiges de Volupté, les cieux de l’âme, tout adeptes de la coprolalie. Adam et Eve épidermiques et violents, ils copulent face à face, à dos, un train d’enfer, debouts, assis, sur le flanc. En nage, ils profèrent des mots déments, jurent, en les cuirs lacèrant. L’image est distordue. Les sens sont saturés. C’est long, c’est court, ubique, il n’y a plus de terre. Comme si tous les sons passaient dans un flanger. D’amour ils ne sont que fréquences ondulées. Ils se prennent et reprennent la bouche encore, jusqu’à l’usure, s’embrassent, jouissent par les oreilles. Et toute cette chair lombric, tellement mélangée, ficelée, ces deux corps nus et extatiques_on dirait un gros insecte
24. riprip (A.R.C.), le vendredi 18 juin 2010
moi je t’ai reconnue panthèrose, c’est bien toi ma saaaalope ha ha lol
25. la panthère rose (C.), le vendredi 18 juin 2010
mmm, alors, un petit peu de glace au pistache, quand-même ?
26. riprip (A.R.C.), le vendredi 18 juin 2010
des glaces au pistache hein hin hin hin...dis-moi panthère rose, tu veux qu’on perde la came, c’est ça ? tu sais à qui tu t’adresses là ? l’offre, la demande, la rentabilité, tu piges quelque chose à ces trucs, ma couille ?
27. Catherine A. (A.C.), le vendredi 18 juin 2010
Elle a l’humeur vague. Elle pense à sa vie, à la manière dont elle s’est déroulée, aux diverses rencontres qu’elle a faites. Elle aurait bien voulu lui en parler, à lui, instaurer un dialogue, pouvoir lui raconter. Mais il n’y était pas disposé, elle s’est heurtée à un mur. Il ne parle jamais de lui, de son passé ; il dit que ça ne compte pas, que ça ne doit pas avoir de place dans le présent. Elle a bien essayé de le questionner, notamment sur les partenaires qu’il a eues avant elle, comment ça s’était passé ; c’est resté sans suite, il a été tellement laconique qu’elle n’a pas insisté. Elle regrette qu’il ne puisse pas exprimer ses sentiments, qu’il s’en tienne toujours à des faits matériels, à des informations objectives. Elle sent qu’elle n’arrivera pas à percer cette carapace qu’il s’est constituée ; elle sent même plutôt qu’il est cette carapace elle-même, qu’il n’y a rien d’autre à découvrir chez lui, qu’elle n’a rien à espérer de ce côté-là. Elle a l’impression d’en avoir fait le tour. Elle voudrait rencontrer un homme à qui elle pourrait parler en toute liberté, sans ambages, quelqu’un qui saurait aussi se confier à elle, et qui saurait l’émouvoir.
Elle se prend à rêver.
Elle voudrait rencontrer quelqu’un.
28. auddie (C.), le vendredi 18 juin 2010
Il a l’humour vanne. Il pense à Varsovie, à la manière dont il s’est enroulé, aux diverses rencontres qu’il a fait. Il aurait bien voulu lui en parler, à elle, instaurer un dialogue, pouvoir lui raconter. Mais elle n’avait pas posé ses congés, il s’est heurté à un mutisme complet. Elle ne parle jamais d’elle, de son avenir ; elle dit que ça ne se décompte pas, le temps, que ça ne doit pas prendre la place du présent, ni de place dans le désert. Il a bien essayé de reformuler, benoitement, les traversées du tunnel avant lui, comment ça s’est passé, s’il y avait de la lumière, si le signal passait ; si elle a entendu la suite de la conversation sur les vacances. Elle avait tellement roulé tonique qu’il n’a pas insisté. Il regrette qu’elle ne puisse pas conduire plus doucement la nuit, qu’elle s’en prenne toujours au matériel, aux objets. Il sent qu’il n’arrivera pas à percer la nuit, il est pourtant de bonne constitution. Il sent qu’il est la nuit même, et qu’elle lui roule dedans, qu’il n’arrivera pas à percer le secret de son mutisme au volant. Il regarde le bas côté. Il a l’impression d’être déjà passé là. Ont-ils fait un tour complet ? Il voudrait rencontrer une femme avec qui il pourrait arriver aux sports d’hivers en un seul morceau, et à l’heure prévue, quelqu’un qui connaisse mieux la route entre Lyon et Chambéry.
Il allume la radio.
Il voudrait rencontrer la speakerine.
 On rentre à Paris !
29. auddie (C.), le samedi 19 juin 2010
Catherine A. J’ai remixé votre mini nouvelle. J’espère que ça ne vous a pas ennuyé. J’aime bien cet exercice, ou l’idée de détournement, de reprise, de suite, d’antériorité, d’explosion, d’assèchement, de sublimation des textes des autres, comme l’on fait fréquemment dans la musique.
Votre texte sur M@nuscrit n’y est plus, je n’ai pas eut le temps de le télécharger !
30. Catherine A. (A.C.), le dimanche 20 juin 2010
@ auddie, pas de problème pour le remix, j’ai l’habitude.
J’ai posté hier la version intégrale (50 pages) de De l’un à l’autre, plutôt que de laisser des envois d’extraits en plusieurs fois. Le texte du 27 est le dernier de la série.
Mon pseudo est pseudo, je n’arrive plus à me débarrasser de cette CatherineA !!
31. auddie (C.), le lundi 21 juin 2010
Hey Cat
Alors c’est féminin "pseudo" ? ca a le mérite d’être sec et lancinant, masculin et pas si attachant, dans le genre impersonnel. Catherine A ça le fait. Mais pseudo aussi ! Ne pas savoir qui on est sur la toile mérite de demander à l’araignée ce qu’elle pense de vous. Elle seule ne dévorera qu’une seule identité. Mais laquelle ?
Et s’il y avait plusieurs toiles ? Je vais aller voir "de l’un à l’autre", histoire de rester dans le mystère.
Sinon pourquoi l’habitude du remix ? Êtes-vous coutumière du fait ? C’est où ?
salutations.
32. riprip (A.R.C.), le lundi 21 juin 2010
LA VIE DE PATACHON 6
Love list : 1- alcool…
Chez Monica, au martini. Rouge bien sûr.
MONICA : Tu votes Patachon ?
PATACHON : L’urne, ce vase impur, le pot à cornichons. Qui vote encore aujourd’hui ?
MONICA : Moi. Une quantité de gens.
LE CORYPHEE : La majorité des majeurs.
PATACHON : Si tu veux mon avis, il n’y a plus que les cathos libéraux qui soient toujours démocrates.
MONICA : Egoïste, égoïste, égoïste ! Libertaire, libertin…
LE CORYPHEE : Anarchiste, communiste, nihiliste, escroc…
PATACHON : Nan, libéro (clameur du stade).
LE CORYPHEE : Bon dribbleur en plus.
SINGES DE VENUS (tendre et triste) A et E. A, AE et OO. Et O et U. OO, O et OA. HUU…HUU… E et O. U, U et A. Et A et O. OO et OA. HAA…HAA…
MONICA : Mmm, moderne ! (elle rit de son pancentrisme si ouvertement assumé). Nos ancêtres grognons et mignons. Dualité douleur plaisir.
PATACHON : Je ne vois que 2 sujets, la politique et l’amour.
LE CORYPHEE : Fatalité à la chemise écarlate de soie griffée.
PATACHON : Ces deux concepts sont frères d’ailleurs. Les distinguer, c’est presque un pléonasme.
LE CORYPHEE : Rouge rouge rouge rouge rouge rouge…
PATACHON : J’ai choisi le moins risqué et le plus agréable à étudier, le second.
LE CORYPHEE : Tu formules encore en vain des thèses puériles. Dieu merci, la contagion de l’esprit malade n’atteint pas le membre.
MONICA : mm ? Que fais-tu, la bête ?
LE CORYPHEE : Il dégrafe ton chemisier, cette boutonnière en appelle à la florescence.
MONICA : Stendhal nous a eu, il n’est qu’un amour, l’amour impasse.
PATACHON : Plutôt qu’expier le péché originel, prenons notre revanche sur la morale. Dansons avec le diable. La nature est plus généreuse que le chorégraphe sur ce pas.
MONICA : Oui. Dansons. Joue contre joue.
LE CORYPHEE : C’est un beau diable, peut-il voler ?
PATACHON : Farandole de sages bêtises. Contraire si pénible.
MONICA : On ne vit qu’une fois, trop doucement guidé.
PATACHON : L’érotisme, la volupté, ce son de lyre.
MONICA : C’est bon, une bonne médecine.
PATACHON : More canum pour manier sa vie.
MONICA : More hominum en baguenaudant.
LE CORYPHEE : Dans toutes les poses du Kâma-Sûtra par probité sanskrite. Un don pour la passe.
MONICA : Marions nos goûts ensemble.
PATACHON : Oui, ton goût d’abord. Ton bon goût.
LE CORYPHEE : La chevalerie servante, savoir faire attendre son ventre. La liberté selon Sénèque.
LE CHŒUR DE L’ORACLE : Profite, protégé d’Athéna, profite pleinement. La paix charnelle sur toi, fils. Demain, la fille de Gaetano te giflera. Tu ne riposteras pas. Ce qu’on pourra appeler un contre. Mais pourquoi ? Comment la domination du sexe faible, qui constitue une violation vociférante des faits établis par la divination biologique, pourra-t-elle se manifester de la sorte ? Ah mère des mères des hommes, comment vas-tu décocher les traits de tes archers ? Allons en hâte nous enquérir au chevet de Tirésias, l’aveugle sénile à la verge magique.
MONICA : Qu’est-ce que tu préfères chez moi ?
PATACHON : Tout à croquer. Et toi ?
MONICA : Chez moi, mes seins…
PATACHON : Femme idéale.
LE CORYPHEE : 90 minutes plus les arrêts de jeu. Au football, on dit des mains à la place des pieds.
33. pseudo (A.C.), le mardi 22 juin 2010
@ auddie, l’habitude du remix, oui ; une vieille histoire, dans les archives du blog, sans importance, sans intérêt...
34. auddie (C.), le mardi 22 juin 2010
@ Pseudo
J’ai bien aimé "de l’un à l’autre". mais il a déjà disparu ?
35. la panthère rose (C.), le mercredi 23 juin 2010
Supplément aux écrits de Singet et de Porcelet sur Zsuzsanna Vàrkonyi, dont voici une autre page.
36. la panthère rose (C.), le vendredi 25 juin 2010
L’AILE
(Vie de Singet)
Quant à la consommation de viande, dans le milieu de Singet, ça se limitait aux jours plutôt quinquennales où lui et Singette avaient des invités à dîner. Une poule d’une de ces montagnes chinoises pleines de Chi. "Vous êtes une digne fille de Marie Madeleine, donc le Christ est votre père", disait-il gentiment à Singette. "Ils sont élevés par rapport au sol, ces tabourets," lui expliquait Singette, "pour éviter les insectes de se mettre à table".
C’était le lendemain du dîner, et cette fois-ci Singet trouva les deux ailes de la poule dans son assiette. Jamais au four, chez Singet, mais bouillie à l’oignon. "C’est plaisant pour toi ? tu dois aimer les ailes..." s’assura Singette. Singet considéra le Yin et le Yang de la chose, la chanson de Neil Young où les croix sont en flammes, l’Italie de Burckhardt dans ce qui concerne le fonctionnement des cafetières, et finalement décida de se pencher vraiment, de tout son esprit, sur ces ailes de poule.
"Tu sais que l’on dit qu’elles sont la partie la plus délicieuse de la poule ?"
En fait Singette avait dû entendre dire ça plein de fois et elle attendait du sage Singet une solution à cet énigme.
"Oui, mon amour, elles sont le plus délicieux de notre poule de montagne parce que c’est la partie que je mange en vraie intimité avec toi, avec un doux soleil s’immisçant par la lucarne, avec un brise qui nous enivre et nous unit, à moitié nus sur nos tabourets. C’est la meilleur partie du poulet parce qu’on la mange tranquillement le lendemain."
"Ah, non." Singette eut le souvenir d’une autre solution à l’énigme : "elles sont le meilleur du poulet parce que le muscle est plus rouge et il a plus de saveur, et aussi parce que leur peau est craquante".
Singet savait bien que le goût de la peau craquante de poulet était celui de son écuyer Porcelet, qui mangeait cela presque tous les jours, avec l’alcool d’Osiris et Sarapis. Bon, pas seulement de la bière, mais un petit peu de joie de vivre, aussi. Mais il savait bien que le possible charme de ce qu’il mangeait, compte tenue que dans la poule bouillie il n’y avait pas de grillé, résidait plutôt dans le toucher paradoxal d’une gélatine.
Sans besoin d’un autre répondant, Singet pensa tout de suite aux deux sortes d’invités, ceux du poulet grillé et ceux de la poule bouillie.
Les uns se lançaient goulus sur les ailes déjà la nuit même du dîner, ce qui semblait confirmer la formulation de l’énigme, mais les autres disaient ne pas avoir de préférences.
Il existait en outre toute sorte de gens qui prenaient décidément une telle ou telle partie, sans pour autant montrer d’autre surplus de plaisir que celui du Chi de la poule.
Rien ne contredit l’énigme de l’aile, pensa Singet. Mais il se dit que l’invité qui prenait l’aile au dîner avait peut-être ci-faisant un geste de déférence en égard de son hôte et son hôtesse, connaissant les matinées de printemps des amoureux. Une délicatesse exquise à leur couper des ailes.
37. la panthère rose (C.), le vendredi 25 juin 2010
L’EMPLOI
(le tour de Porcelet)
Porcelet s’énervait de son maître Singet. Il est dans le spectacle, il est un artiste intermittent qui a des droits, même si ces droits sont menacés. Moi, qui lui fait de la pub par des portraits à l’encre et même au cinabre... Là, Porcelet se reprit un peu, sur Singet il n’avait dépensé que de l’oxide de fer, c’est à dire du Rouge de Venise, autant dire de la rouille.
Il prenait un café au chantilly, privilège de la fin des fraises.
Porcelet savait que Singet pensait de lui, peintre, qu’il était un profiteur. Et il se mettait à faire des chiffres, sceptique dans sa chair du mépris de Singet. Et oui, Singet était quelqu’un, un cavalier du Tao. Mais tout le temps que Porcelet passait à écrire, ce n’était pas du travail au noir pour le Tao ? Un cochon de la boue, de l’huile, de la toile, du calligramme, même s’il n’est pas soumis au spectacle et jouit du temps comme il veut, est pourtant privilégié par rapport à son maître ?
38. auddie (C.), le vendredi 25 juin 2010
L’AMPLI (remix de L’EMPLOI, de "la panthère rose")
(le tour de Porcelaine)
Porcelaine s’énerve comme un singe sur son clavier-maître. elle peut, c’est son spectacle, elle est soliste par intermittence, elle a donc le droit, même si son doigt est menacé. Moi qui m’occupe de ses tubes en la portant à bout de bras... ah, mais porcelaine se reprend un peu, ça tricote en staccato maintenant, machine à coudre Singer contre sonorité oxydées, c’est à dire tout dans le rouge, vu-mètre et yeux injectés, autant dire, embrouille.
Elle prend un café calva, privilège des fins de phrases.
Porcelaine sait qu’elle a joué comme une patate, qu’elle n’a profité de rien, qu’elle aurait dû tempérer. Elle se met à faire des chiffres, à compter les gens, les sous, les notes, les calvas, sceptique dans sa chaise, le message est... je tu il elle est cavalière, c’est l’heure de la ruée. Mais tout le temps que Porcelaine passe à compter ses heures et ses concerts au black, elle ne songe pas aux petits coqs, lièvres, lapines et grandes bévues, beuveries de 5 heures, club embouché, musique syncopée, qui gravitent autour d’elle. Je ne sais pas comment elle fait pour arrêter le temps comme ça et ignorer les autres. Maintenant elle écrit sur le bar un poème à même le contrat que je viens de lui faire signer, devant le maître des lieux ébahit.
39. la panthère rose (C.), le vendredi 25 juin 2010
LA MÉTAMORPHOSE
Quand Singet s’aperçut que la sorcière l’avait changé en bonobo (nom qu’on donnait dans sa région aux fonctionnaires de la culture) il fut prît d’une forte rage. Son angoisse qu’il pensait singulière et connue ne l’avait pas protégé d’être niché dans le long répertoire de métamorphoses de cette femme fatale.
"Les femmes, elles sont magiques, non ?" dit Jean-Pierre Léaud dans La nuit américaine.
Les femmes diraient la vérité au monde, comme la Pythie à Delphes, à travers le répondant d’une vapeur de laurier. Puis le prêtre rédige l’oracle en vers, et c’est un homme. Donc il introduit le mensonge, et c’est ce mensonge qui permet que chacun accomplisse sa destinée, malgré lui, comme Oedipe qui partit loin pour ne pas accomplir un crime.
Singet se sentait un primate d’une autre espèce, nonobstant, mais l’oracle semblait fatal. Serait-il plutôt un bon au beau, un ticket restaurant pour l’éphémère ? Serait-il dorénavant l’engrais des roses ?
Le singulier de la mort symbolique implicite dans toute métamorphose est qu’elle est inattendue. Selon Tobie Nathan il y a un complexe plus grave, parce que plus en prises au Réel, que le complexe d’Oedipe, et c’est l’interdit brisé par cousin et cousine. C’est là qui s’accomplit la fatalité de la sorcière, c’est que non seulement la mère dont on vient est un ogresse (toujours les réflexions de Singet), mais que "toutes" les femmes sont fatales, de par sa loi. Vous avez remarqué l’absence de métamorphoses dans Oedipe Roi ? Faux.
L’énigme du Sphynx, voilà ce qui nous rend bonobos (fonctionnaires de la culture, l’on disait), les uns pour être dévorés sans le scrupule de l’humain, les autres pour amener au suicide sur la falaise la jeunette déjouée, le sphynx, chair interdite et nonobstant douée de parole de par ses devinettes.
Singet, accablé de la gueule de bois de sa métamorphose, et après toutes ces simiesques cogitations, rétorqua à la sorcière, d’un air le plus câlin que possible, "appelez-moi Singet. Je sais faire plein de choses."
40. auddie (C.), le mercredi 30 juin 2010
Je la rencontre dans le Maryland, USA. Je prend une maison et m’isole du monde, loin des frasques de la vie mondaine, des agressions, des attaques fratricides divulguées par mes pairs. Imaginaires. Elle reste à mes côtés, aimante, dévouée, jeune. C’est une vie simple. Nous sommes heureux. Mon monde d’avant reste enfermé derrière mes yeux. Mais, un jour, le passé m’appelle, une commande, un travail. Je dois me rendre en Europe. Pas très sûr de moi, je lui présente la situation, car j’ai cette vision terrible : « je la regarde, mon amour, je vais l’emmener avec moi, elle va découvrir le monde. En chemin, elle va s’approprier ce que j’ai délaissé ». A la fin du séjour, dans un hôtel, avant de repartir, je lui déclare : voilà, maintenant tu connais autre chose. Tu peux me quitter si tu veux, tu peux vivre ta vie. Tu viens de te rendre compte que je suis quelqu’un de commun, et que tu peux croquer d’autres fruits, absorber d’autres poisons. Tu es libre. Je vais à la cuisine, regarde à la fenêtre. Je ne l’entend pas arriver, elle se tient derrière moi et m’enlace de ses bras menus. Je reste. Je reste avec toi.
41. la panthère rose (C.), le vendredi 2 juillet 2010
ORPHÉE
(se poursuivent les aventures de Porcelet)
Je n’ai jamais été payé en tant que cavalier, dit Singet à son Porcelet. Toutes ces merveilles que Paris nous offre sont gratuites et gratuites sont mes oeuvres. Je délivre mon art à l’histoire. Il arrive parfois que je laisse une offrande chez une psychanalyste, ou qu’à l’inverse on me donne de l’aumône contre une peinture ou un portrait. Mais l’essence de notre succès est dans notre indolence.
Porcelet regarda les minces réserves d’opium qui restaient dans la pomme de l’épée de Singet. A l’époque du Messie, déjà dans un passé lointain, les fleurs de lys poussaient du pur amour de Dieu, mais, à Paris, dans le XXIe siècle, serait-t-il ainsi des fleurs de pavot ?
Il fallait dormir débout, rêver. Il fallait fumer jusqu’à rendre l’atmosphère invivable. Il fallait, il fallait, et Porcelet tombait sur le canapé, sourdement, les oreilles bouchées pour ne plus entendre les sirènes de la ville. Singet chancelait vers la cafetière, qui faisait un bruit suffisant pour réveiller l’opiomane le plus camé. Cette nuit là il avait reçu la visite d’Orphée, un jeune homme, même pas si jeune, obsédé par l’idée du suicide. J’ai le dégoût de se la mettre à une pute, avait il dit, et il avait évoqué le herpes génital. Il ne voulait pas être père, malgré qu’il était dans l’âge. Singet eut la sensation d’une traversée du miroir.
Dans sa devise de cavalier, Singet avait un oracle d’Orphée, "pense à Singette pour peindre". Il eut mal de cette odeur de mort dans la conversation. Il les avait quittés avant minuit, restant sur une chaise entre le jardin et l’intérieur de l’atelier, pour prendre l’air frais dont il avait besoin, et par la porte ouverte un insecte attiré par la lumière était entré. C’était une reine fourmi, animal sympathique qu’il prit pour un signe, notre Singet.
Porcelet savait le peu de chances de survie de la fourmi, compte tenue qu’il avait observé une grosse araignée postée au pied du petit Bouddha en bois de l’atelier. La statuette était d’ailleurs couverte de ses toiles décadentes et fatales, de ses filets autour de la petite offrande d’avoine faite les premiers mois d’occupation du lieu. Sur le canapé, gagné par le frère de la mort, presque, il présentait l’araignée à la chasse de la reine fourmi. Et il se disait, pauvre reine, tu rêves d’enfanter tout un peuple, et voilà que tu es poursuivie entre les piles de livres et les tubes d’huile par une artisane implacable, punie de métamorphose, énigmatique. Et moi, à quoi je rêve ?
Le téléphone sonna a midi et sortit Porcelet d’un cauchemar érotique. Du moins sa verge faisait signe au rythme des symboles qui s’étaient succédés. C’était une amie et modèle, une autre farouche cavalière qui se battait avec ses sculptures et ses acryliques contre la loi su silence, qui l’a réveillé avec son coup de fil. Il se sont dit de parler plus tard et il a fait l’état de son rêve, plus tard, à son fils, une fois rentré.
Le mettant en paroles simples et inoffensives, pour Pourceau, il vit qu’il y avait matière à écrire, dans son rêve, que c’était même la leçon à tirer de la visite du poète mort. "Je devrais le raconter comme un rêve de Singet, qui est plus connu que moi, et à la première personne", se disait Porcelet chez lui devant l’ordinateur. Lui allait chez une psychiatre gitane qui lui donnait du courage pour défendre Singet, trop confiant dans les cafés de poètes et dans facebook. Elle lui avait conseillé de relire les maîtres du Tao, en disant qu’il fallait prendre les grappes, aussi, de sa terre.
Donc, le rêve consistait à Singet revenant après des années d’exil à Paris, dans son château en Espagne, un vieux moulin grenadin qui avait été pendant des années son atelier et sa maison. Quelqu’un l’accompagnait donc là bas en venant du Sacromonte, montagne taoïste dont le nom original était Valparaiso. C’était une tigresse qu’il avait eu à l’époque pour modèle et pour mère de Singetton (en fait chez ce petit le regard félin trahissait le singe pour la tigresse et poétesse, et faisait fondre d’admiration notre cavalier). Ils le trouvaient, l’atelier, ainsi que tout le bâtiment, en ruine et parcouru des rideaux des araignées et des poussières des saisons répétées.
Plus bas dans la continuité de la longue ruelle, dans leur randonnée, elle voulait lui montrer où est-ce qu’elle habitait à présent. Singet avait conscience que les maisons de prostitution traditionnelles dans leur quartier étaient restées déjà loin, quand ils arrivèrent à côté d’un établissement confucianiste amateur. Le matin jusqu’à ce moment du rêve était resté dans le smog de l’aube, mais quand la porte de la maison de son vieil amour s’ouvrit il y vit à l’intérieur le soleil de l’été taper sur les murs de chaux et les carreaux d’échiquier délavés du sol.
Plus il descendaient des escaliers, plus un inouï soleil d’outre tombe illuminait de fort esprit et de vitalité par des fenêtres souterraines. La dame se perdit, descendant dans les chambres et les patios plus vite que Singet, appelée quelque part par le souvenir d’un poème ou d’un pendentif. Singet nonobstant descendit et descendit ces escaliers d’avant la guerre, ces visions de pots de géraniums et chats contre le ciel. Il arriva aux dernières marches, jusqu’à un fleuve tiède et bleu. "Tu ne viens pas, Singet ?" dit depuis le haut de l’escalier la poétesse, "la lave souterraine commence à monter", ajouta-t-elle. Alors Singet regarda en bas, à nouveau, et vit à ses pieds la lumière rouge de la roche fondante bouger, comme le vinyle des disques d’autrefois.
En courant il montait l’escalier, précédé par les fesses de son ancien modèle, la poétesse, qui montait vite aussi, mais rigolant. Il la perdit de vue, elle était passée dans un patio ou dans une tourelle pour colombophiles. Il voulait ressortir dans la ruelle, se sauver du feu épais du fond. Mais il se trouva dans une chambre dont la fenêtre trop discrète et vieillotte était étroite et barrée d’un croix de fer. Dehors, la vie mélangeait les passants taoïstes aux confucianistes, et il ne manquait pas un bouddhiste, mais personne de prime abord aperçut Singet qui était au niveau du sol et qui secouait les barreaux en silence, contrarié. Singette lui tendit la main, accroupie à l’extérieur et elle le sortit du monde souterrain. Mais la violence d’en bas se trouve en haut.
Un poète enragé comme un canaille le bousculait et sortait un canif, il reconnut le poète, c’était Q’naï, qui participait jadis dans le blog de Liu Chiu et chez qui Singet trouvait toujours remarquable la physionomie d’acteur. D’abord il voulut le saluer et s’intéresser, mais il se rendit compte qu’il devait accomplir le rituel de la bagarre. Il prit une bouteille de Ma Vérité, le vin de Gérard Depardieu, qu’il avait déjà vidée, et la fracassa contre la tempe de Q’naï. Il sentit dire autour "attention au canif" et vit qu’en effet comme toujours la vox populi arrive trop tard : un coup de couteau s’était enfoncé dans son abdomen et sa chemise dévenait là d’un croissant rouge obscène comme la noirceur d’un fourmilier. Il sentit le sang couler et se sentait excité par l’idée de mourir, venant de sortir de l’enfer...
Il entendit un coup de téléphone qui ne pouvait être que féminin et réalisa que sous le pyjama improvisé d’un pantalon d’été sale, allongé sur le canapé, il avait une forte érection très plaisante.
42. riprip (A.R.C.), le vendredi 2 juillet 2010
Zazounette attaquait le papier peint au feutre indélébile. Elle a tracé un rond pour la tête, deux yeux, un nez fabuleux, une bouche, les oreilles, les cheveux, les cils, les sourcils, le corps, des bras graciles, les mains, LES DOIGTS, sept doigts à gauche et douze à droite, les jambes, les pieds, LES ORTEILS, vingt-quatre en tout, et elle a signé IOIO. A deux ans et demi, la petite dessinait mieux les bonhommes que Picasso !
43. riprip (A.R.C.), le vendredi 2 juillet 2010
CHASSEUR
A Pêcheur
  Là, elle ch’ra bien, Pach’cal.
Chasseur m’appelait toujours Pascal, il était kéblo là-dessus.
  Mouais, t’as raison, là, c’est bien. On trouvera pas mieux. Le soleil se lèvera ici et frappera comme ça toute la matinée. 
  Elle ch’ra à l’ombre vers midi à cauge du feuillage de ce gros gearbre là, Pach’cal. 
  Faudra élaguer.
Il m’avait accompagné pour replanter Martine, mon pied de cannabis, dans le bois autour de l’Apollo. La cachette idéale mais gare au passage. Promeneurs, fumeurs, police. Le danger arrivait de partout dans les bois. On avait donc taillé un tunnel de cinq mètres dans un buisson de ronces qui donnait sur une clairière entourée de broussaille. Fallait se mettre à quatre pattes pour passer. Si un badaud logeait Martine, c’est qu’il était déjà bien égaré là. Du chemin, ses deux mètres cinquante sous la toise se trouvaient à l’abri de tout regard terrestre. Les ronces s’écartaient et se torsadaient pour mater le cul de Martine. La pompe de la nature des régions tempérées sublimait la vénéneuse beauté du chanvre indien. Je l’avais bien arrosée en pot, la belle, maintenant elle allait fleurir et mûrir sous le soleil de Marmaris-Orangis tout l’été, alimentée de rosée, d’ondées éparses et de caca de biche perdue. Du bio de chez bio.
Bon délire en fait mon vieux pote à la compote avec son coupe-coupe. On ne pouvait pas trouver meilleur guide dans le bois de Marmaris que ce renard efflanqué de Chasseur. Sinon il se serait bien vu acteur aussi, Chasseur. Mais y avait déjà Sim dans le registre. Et il n’avait pas les crocs pour ce métier.
  T’as pas une dernière clope, Pach’cal, j’t’en demanderai plus après ?
Il regardait ses pieds.
  Moi, c’est Rip, pas Pascal. Ri-peuh. Tiens mon vieux, tu l’a bien méritée celle-là. 
  Faut que j’arrête de fumer chette merde. 
  C’est vrai, t’es accro ! A mes clopes ! 
  Hé, chi je fume ton truc là, le pschitt là, je tombe direct dans les pommes, moi. Ah ouais. 
  Ne le prends pas mal Chasseur mais est-ce que tu trouves normal de me taper tous les jours trois, quatre, cinq clopes ? 
  J’ai acheté un paquet euh l’autre fois ! 
  Nan mais attends Chasseur, j’dis ça, ça m’dérange pas plus que ça hein. T’es mon pote. Ski est à moi est à toi. Mais quand même, Chasseur, TOUS LES JOURS. 
  T’inquiète, Pach’cal, toute fachon il en a plus pour très longtemps ton vieux pote Chacheur. 
  Dis pas de connerie, j’t’ai vu danser avec les infirmières l’aut’ jour, oh, c’est le haut niveau. Moi, j’ai pas ta condition physique ! 
  T’inquiète, ch’t’aime bien tu chais. Faut que ch’t’apprenne à pêcher les écreviches et piéger la mouffette avant de partir, Pach’cal. 
  Rien ne me ferait plus plaisir, Chasseur. Sinon moi, c’est Rip. 
  Ch’te l’dis à toi pach’keu ch’t’aime bien, Pach’cal, je chais qu’t’es un bon gars. Moi, avant de pacher l’arme à gauche, j’vais m’en faire un, j’vais m’butter un bonhomme. 
  Quoi ? Tu..tu..tuer quelqu’un ? 
  Partirai pas tout cheul, Pach’cal, garanti chur facture. Cha fait longtemps que cha m’travaille, tu chais. T’imagines pas tout chkon peut voir dans jin bois. J’me fais plus beaucoup d’illugion, tu chais Pach’cal. 
  Rip. Pas Pascal, Rip. Mais keskeu tu m’racontes là mon Chasseur, tu me f’rais pas une ‘tite déprime ? 
  J’ai jamais vraiment eu d’chanche dans la vie, j’ai toujours dû encaicher chan broncher. Au début, avec mon vieux, cha avait mal démarré. Il me cognait. Après, avec ma femme, cha a mal continué. Elle me cognait auchi. Logiquement, cha devrait mal finir. Mais chai moi qui vais cogner ch’coup-chi. Aujourd’hui, mon but ultime, chai de crever un être humain de mes mains avant de caner, avant le grand voyage d’où l’on ne revient jamais. Qui et comment exjactement, chai pas encore, mais bon dieu c’que ça m’démange, c’que j’en brûle d’envie. J’ai besoin de chavoir l’effet que cha fait. Et je vais le faire, tu peux m’croire. Mouais. J’vais m’en buter un. Un chalaud de préférenche. Ou une chalope. Une belle ordure quoi. On verra le moment venu, Pach’cal…
Il n’a pas cherché mon regard. Il portait cette souffrance intérieure sur sa figure émaciée. On était tous les deux dans les bois.
  Rip. Pas Pascal, Rip.
44. Knight (C.), le vendredi 2 juillet 2010
Dis-donc Pach’cal chai quand que t’auras fini de faire ton Gilles de Binche ? tu me préviens hein
ça me fait bien chier mais faut reconnaître, même ivre mort t’es le meilleur. alterne un peu fumier, c’est antiseptique, un gorgeon une taffe un gorgeon une taffe ... et ainsi de suite.
la bise frelot
45. Spoon (A.C.), le vendredi 2 juillet 2010
ah ! ce Ruy Blaise est un Saigneur !
46. Spoon (A.C.), le vendredi 2 juillet 2010
Ps. Victor vous le dirait
47. Manuel Montero (A.R.C.), le mardi 6 juillet 2010
LA PAGODE (première demeure de Singet et Porcelet)
Liu Chiu n’était peut-être qu’un tigre ou un sorcier déguisé en bonze accueillant. Et sa pagode le mirage du territoire de chasse du tigre et ses femelles. Singet le prenait pour tel, à son arrivée, et ne descendait des branches les plus élevées des grenadiers qui poussaient là comme des arbres millénaires, et cosmiques. Porcelet voyait dans les grenadiers autour de la pagode des gentils grooms auxquels confier son âne. Il demanda à une femelle si elle aimait la peinture de dimanche, et la tigresse se raconta princesse, et bien au dessus des servitudes de la semaine pour bien pouvoir s’entretenir de peinture, elle qui entre les bambous avait bavé le cinabre du sang d’un antilope sur un papier de riz, et, enduite de noir de vigne, avait planté sa patte sophistiquée sur plus d’un poème.
Ni Singet ni Porcelet avaient le penchant fantastique des panthères roses, et ils prirent chacun leur portion de réalité pour chose faite et prose de leurs jours.
Joueuses, les panthères firent faire mille tours à l’un et à l’autre, s’exhiber, l’un en peintre noble et chevaleresque, l’autre en prophète rustique et tribun de la plèbe portant la toge aux rivets de pourpre. Il y avait de quoi boire et fumer dans la pagode inexistante. Mystères de la nuit qui se succédaient pour Singet et Porcelet dans leurs rêves, la figue, et la tasse de thé, symboles à deux portes, leur présentaient les oracles du monde féminin, l’une et du monde masculin, l’autre.
Bien sûr, ce fut Porcelet le premier à éprouver les mystères de la figue, l’un, nostalgique, celui de la douceur de sa femme délaissée, l’autre, geste ostentatoire des éternelles jeunettes qui vous renvoient un non câlin et qui vous rendent dingue.
Singet ne s’était même pas rendu compte de la présence de bien réels guenons féconds dans les arbres, qui l’auraient autrement poussé à bien perdre tout son temps. Au fond il n’était pas fait pour ça. Il fût pris de sa naturelle curiosité de singe par la porcelaine des tasses et par la stricte observance du manuel de Tanizaki dans les urinoirs de la pagode, tout pure intoxication du charme de Liu Chiu et de la boisson et la pipe. Il ne perça pas les mystères mais tourna tout autour, plein d’expressions littéraires de sa personnalité et de japonisantes révérences autour de chaque objet. La nuit où il vit entre les bambous une tigresse pisser il en fit un tableau, dont il répétait très fier qu’il venait d’exécuter une pièce "très osée".
Singet et Porcelet, après féline observation, parurent un gibier peu appétissant au tigre et aux plus jeunes tigresses, et Mori Lu, une sorcière taoïste de grande dévotion dans les contrées, qui savait réaliser des mirages analogues aux Fata Morgana dont on voit des images dans le volume de Baltrusaitis, décida du sort des deux invités. Ils allaient recevoir une bonne instruction, ils allaient pousser au maximum leurs potentialités, et ils allaient comme ça finir par comprendre l’horreur de la dévoration et l’erreur de leurs dévotions. La suite attendue était qu’ils quittent le territoire. Les panthères roses qu’ils avaient formés de volutes de fumée seraient très utiles au charme de la chasse et resteraient pour appât de meilleurs gibiers.
Si longue fut leur saison dans la maison du bois que Singette et Gruette vinrent les rejoindre, inquiètes de ne plus les voir vivants. Et l’enthousiasme des deux drogués était si séduisant que leurs compagnes prirent aussi pour pagode la boucherie. Mais chacune avait un plan, l’une voulait acheter la pagode et faire un hôtel, l’autre voulait ôter tous les symboles de pouvoir et la livrer aux paysans pour des kermesses.
Les paysans, en revanche, qui soufraient sourdement déjà les régulières déprédations du sorcier et ses femelles, trouvèrent dans la présence d’étrangers l’excuse pour mettre le feu au bois, puisque ça pouvait être pardonné par les fonctionnaires qui les contrôlaient. Ils prirent de la dynamite, du napalm, enfin, tout ce que la tradition de Confuce prescrivait pour ces cas de figure, et ce fut un miracle que les panthères roses, les deux cavaliers, Mori Lu, le sorcier, quelques tigrons, Singette et Gruette puissent sortir vivants de ce four crématoire et de cette savante toile d’araignée que les flammes sculptés par le vent faisaient palpiter comme une mourante affolée.
48. Manuel Montero (A.R.C.), le mardi 6 juillet 2010
lessons of Chinese Novel for Marco Polo
and a summertime cry.
49. la panthère rose (C.), le mardi 6 juillet 2010
Mais non, Montero, ce texte je vous l’avais juste fait lire, c’était pas un cadeau. En même temps, rien n’est nouveau, et c’est un peu fatigant après le manifeste que j’ai dédié à llanafan.
50. riprip (A.R.C.), le jeudi 8 juillet 2010
Tom sourit, mélancolique comme un territoire d’outre-mer, boit un gorgeon, jette un regard myope sur les bouteilles de gnole présentées en hauteur avec doseur tête en bas comme c’est l’usage dans les débits de boisson. D’un coup, il se met à gueuler.
  PUTAIN J’FUMERAIS BIEN UN JOINT ! JAY, MON SHIT, MES FEUILLES, TES CLOPES ! ET MAGNE TON CUL !
Ma mère a raison, tous mes amis musiciens se droguent.
51. Manuel Montero (A.R.C.), le jeudi 8 juillet 2010
Ah, les amis musiciens, la mienne disait pareil. Nuits de bohème.
52. la panthère rose (C.), le vendredi 9 juillet 2010
Araignée du soir, espoir
Je fume les yeux dans le zinc de la fenêtre. Une araignée m’amène à considérer mon sort. Espoir, je me dis, sans savoir. De l’autre côté sur la maison voisine une colombe grise, assez foncée et assez grande. L’oracle ne me vient pas à l’esprit. Je la prends pour une colombe noire et je vois ma veuve. Sur le vif, j’ai tendance. Je prends une taffe. Bon, une veuve que je connais pas encore, alors. Une veuve de vieillesse, pour le dire pulsionnellement.
L’araignée parade un peu, c’est elle qui donne l’espoir, et je comprends vite son art. Elle semble tomber, vous la voyez tomber et sa chute s’arrête dans l’air. Elle est attachée par un fil. Mais là où je veux en venir est à la continuité de l’espoir. Nul attachement à une clé de voûte, à un principe fixe. Mais de petits baisers de son abdomen, au long de son parcours, sur nulle part, sur des plans, sur des points dont la localisation est indiscernable jusqu’au moment de la chute.
Les colombes grises symbolisent en haruspicie la femme mariée. La vie maritale. J’ai pensé à Klossowski, dont les réflexions portaient sur la condition maritale, amenée à l’élaboration artistique, donc à un jeu de transgression, selon l’esthétique de son époque, marquée par les théories de Bataille. Je me suis rendu compte qu’il y avait un trésor de culture duquel j’avais à peine un aperçu dans cette colombe grise.
Puis j’ai pensé à la partie ouverte de ma conversation avec un autre "poète" (les guillemets me concernent plutôt moi). Il m’a lu les lignes de la main, mais à voix basse, je n’ai pas tout compris. Ensuite il m’a posé une question en apparence surréelle : Berthe et toi, vous êtes des oiseaux ? Je l’ai encaissé comme une requête sur la stabilité de mon couple et, susceptible, je ne l’ai pas laissé poursuivre. Oui, des perroquets, lui dis-je. Ah, c’est pas très honorable le perroquet, il dévoile les secrets, il a une allure ridicule, me dit-il.
Je remercie l’araignée. Je suis retombé tout de suite sur mes pattes. Non, mon ami, je dis ça parce que les perroquets ont plus de longévité parfois que certains hommes et parce qu’ils sont une constante surprise de l’intelligence.
La plaie se refermait, l’espoir noircissait le ciel et le jardin. Le fil était là. Je pense même que c’était sur son coeur que j’avais ancré ce fil. Il eut des souvenirs d’un perroquet de la meilleure espèce, de la plus sophistiquée. Il avait donc, lui-aussi, connu cet "oiseau". Il me raconta que son possesseur, étant musicien, composait à la guitare face au perroquet. En fait, cet être qui a la plupart des fois la malchance, au contraire des colombes, d’être seul et prisonnier, l’aidait à composer. Il est une sorte d’eunuque cultivé, un idiot savant docile et astucieux. L’on pourrait dire qu’ils inventaient la mélodie ensemble. Le perroquet prêtait oreille aux premiers arpèges et quand le musicien hésitait ou s’arrêtait par la fatigue de la création, l’oiseau ancestral sifflait une suite qui venait fermer le passage musical, le compléter. Ce poète avec son histoire venait faire un geste semblable par rapport à mes inquiétudes après son regard sur les lignes de ma main.
Le début de toute création est fatal, l’on n’intellectualise qu’après-coup, me dit parfois un autre ami artiste. La catharsis commence par nous blesser, pour nous purifier. L’on se rend compte qu’on a perdu du sang quand on est déjà des initiés dans la création. Le perroquet de mon histoire à moi m’a donné une plume unique, il a choisi la couleur rare et éclatante, celle du sang, et non le gris que lui donnait la grande partie de son existence. De l’or, du smog, l’on aurait pu voir tout cela dans les courtes plumes de sa tenue. Mais la douleur de son panache était un don surprenant, comme l’était l’intelligence qui me dépassait chez lui. Un oiseau qui pourrait témoigner du passage de ma vie, et qui a été généreux.
Aristote est pour moi un chat, un père calme et consciencieux, indépendant et heureux, libre. Le perroquet auquel je m’identifie n’est pas le théoricien qui a écrit la Poétique de la tragédie, Aristote d’abord, ensuite, bien sûr, Nietzsche, Walter Otto... mais le poète de Sophocle ou Euripide. Tout comme le perroquet du musicien est son Orphée.
Des sauts d’araignée donnent de l’espoir, l’on est en santé, l’on tiendra la nuit. Même si nos mains nous rappellent le chagrin, le lendemain. L’on s’en servira des doigts, chère araignée, et de la salive qui cristallise dans le fil d’un poème sans attaches apparentes, fruit d’un baiser en chemin. Sur le plan, sur nulle part, sur le refus des parcours des falaises.
53. Pandora (C.), le samedi 10 juillet 2010
Puis-je me permettre une indiscrète et ultime question ? La "panthère rose" est-elle ou non la "Panthère" tout court ? Je pense que c’est non, car il me semble avoir reconnu une rose... Ne seriez-vous tous des bandits ou des voyous ? C’est la question que je pose....
54. la panthère rose (C.), le samedi 10 juillet 2010
Chère Pandora, ces questions demandent la discrétion capitale, mais je peux vous dire que Panthere tout court c’est une autre, nous sommes plusieurs félins sur le site.
Des bandits, des voyous ? C’est ce que dit ma tante de votre admiré Gabriel M.
55. la panthère rose (C.), le samedi 10 juillet 2010
Et ça sans compter le propre leo, notre hébergeur, qui pour elle serait pratiquement un chef pirate de Somalie (ou, disons, des mers culturels), compte tenue que, tout comme Freud pour les cathos, ça sent le diable tout ce qui vient du net.
Mais je vois que vous dites, "ne seriez-vous tous des bandits ou des voyous ?", donc, si vous me faites parler au nom de tous, c’est encore pire.
Nous sommes en guerre, Pandora, et la Résistance n’est jamais déclarée telle pendant une guerre, mais on appelle à l’ignorer, la dénoncer, comme un fait honteux et un délit, puisque dans la guerre, depuis la grande dernière, l’autre est un déviant, un voyou "à passer au karcher".
Du banditisme, c’est facile à dire, quand le racket policier dans certains quartiers passe pour normal et quand les entreprises gèrent la violence et font de la violence une de ses plus performantes productions.
Mais la panthère rose est plutôt comme l’éléphant rose, le rêve d’un ivrogne, un charme ou un conte de derviche ou de cabaliste. Elle traverse, elle ne fait que traverser, une panthère ne "marche" pas.
Mais si votre question, Pandora, est littéraire et vient à propos de Singet et Porcelet, avec ces mêmes prénoms, alors, peut-être il faudrait spécifier qu’ils sont tirés d’une vieille histoire de banditisme chinoise qu’on trouvait éditée à La Pléiade (cherchez vous même, moi ça fait longtemps que je n’ai plus le texte original, mais je peux le chercher pour vous, car j’ai un faible), en deux volumes, mixée par les soins de votre humble panthère rose avec les deux autres volumes (plus connus) de Cervantes. Un autre qui écrit des histoires de presque banditisme en deux volumes. Un succès.
56. la panthère rose (C.), le mercredi 14 juillet 2010
Critique de la Raison Dialectique
volume I (Tuez le pitbull)
Je traverse le feu vert pour passants et me trouve au bord de la Seine. Les bouquinistes ont commencé à fermer leurs machins. Je dérobe les derniers regards. J’abandonne Colette. Un livre sur les chats, illustré. Il m’a semblé cher, compte tenue qu’il me faudrait rester le poches vides le reste du soir pour pouvoir l’offrir à ma copine, et en fin de comptes elle paierait ainsi mon dîner et le sien. J’aperçois entre les finissants bouquinistes deux femmes. La première me ferme au nez son rayon Pléiade, je ne suis pas son type. La deuxième ferme si lentement que je finis par me permettre de regarder minutieusement tout ce qu’elle a.
Beaucoup de choses pourraient m’intéresser et je regarde nonobstant plus haut, les beaux volumes blancs, déjà blanc cassé, de la Bibliothèque de la NRF. Je sens son corps amusé dans le coucher de soleil s’approcher suivre de près mes recherches.
Elle est pas jeune, elle est ce qu’on appelle une femme mûre. Mais il se peut qu’elle fasse du yoga ou que la vie de bouquiniste, exposée au ciel ouvert et à la rue, lui plaise comme aventure. Elle a un port droit et élastique, un sourire de bon modèle, on devine un corps sans défauts dans la courbe indienne d’une ceinture mince et des hanches discrètement fécondes, remarquables, toute en t-shirt et jean prolo. Blonde, chignon, je vous dis tout ça d’après-coup, j’étais tombé sur le livre le moins lu de Jean-Paul Sartre.
Premier volume, Critique de la Raison Dialectique, il coûte vingt cinq euros, tout comme le premier volume de "El proletariado en apuros", qu’on m’a offert récemment.
Je sais que j’ai vingt euros et pas plus dans ma poche de veste, neufs et sans rides, mais que je pourrai négocier un rabais de cinq euros sans problème avec un peu de sympathie. Nonobstant, je suis plus coquet qu’un simple négociateur de rabais. Je sors de mon pantalon ma petite poche à monnaie, je compte les pièces.
Je pousse sans la regarder le flirt jusqu’à une artificielle et inquiétante ingénuité. Je fais comme si j’avais plus ou moins dix-huit ans depuis la semaine dernière. Je l’ai dans mes mains, je dis "dommage que ce ne soit que le premier volume". La belle libraire m’a piégé doublement et pour toujours avec un gentil mensonge qui faisait comprendre un modeste manque de scrupules, ou un défi à mon érudition :
Elle me dit : "Oui, mais en fait il n’y a que le premier volume qui est sorti".
Ayant consulté à la bibliothèque du Centre Pompidou cet ouvrage de Sartre, justement à l’époque ou j’avais en fait dix-huit ans depuis peu, je me suis souvenu que les volumes suivants existaient bel et bien. Ils étaient tous sur le rayon, comme peut-être les autres volumes de "El proletariado en apuros" doivent se suivre sur le même rayon de la Bibliothèque Kandinsky de ce même Centre Pompidou. Mes phrases sont longues ? Je n’ai pas encore croisé le pont, rejoint ma copine, eu mon idée de texte ? Je cite des auteurs lourds et j’alourdit mon histoire ?
Je lui dis que l’ouvrage a dû sortir en entier avant l’édition qu’elle m’offre. Nous nous reconnaissons, nous analysons les traits de nos visages proches, sans façons, sans un autre objet que le livre. Elle sait déjà que je ne vais pas l’acheter et je sais qu’elle le sait. Je ne compte pas m’éterniser sur son poste en train de fermer, mais je parle de comment ce livre a été l’objet d’une dure critique de la part de Claude Lévi-Strauss dans La pensée sauvage. Je lui dis ça avec un geste : il l’a achevé. Il a été même graphique. Je lui rappelle qu’il a même tourné en dérision l’intérêt de Sartre dans sa Critique autour du football. Je lui dis ça. Maintenant elle sait que je regrette de ne pas acheter le volume, juste un peu, que je pourrais repasser.
Ma copine m’attends aux Tuileries, au bassin. Lévi-Strauss avait objecté que le fait que notre perception de l’autre soit dialectique, ne veut pas dire que "le tout" de l’autre soit dialectique. J’improvise le romantisme le plus idiot et le plus décourageant pour partir de chez cette belle femme et ne plus revenir dans un bon bout de temps, je pense. C’est à dire, je fais mine de languir comme si j’avais plus de la soixantaine et je balance que, ces livres là, personne ne les lit aujourd’hui. Soupir "communiste" sous-entendu. Je ne me pose pas la question de chercher un titre moins cher, je viens d’oublier que tout est bon à emporter chez elle, comme dans la chanson de Brassens et l’île déserte. Je mâche dans ma phrase le lâche que je suis.
Au contraire, je pense en partant à ceux qu’à dix-huit ans ou moins se sont fait emprisonner par Sarkozy suite aux révoltes de la banlieue, ou bien envoyer en exil. Venant de décevoir une bouquiniste j’ai encore le moral de me sentir jeune à quarante ans, et proche des plus jeunes. Je pense ensuite à la révolte étudiante qui a suivi de près celle de la banlieue.
Les jeunes ont été traités comme des cons, dans la deuxième révolte. Le désintérêt et la frivolité la plus totale de la part du monde de la culture pour ces étudiants s’exposant au risque de la violence policière de Sarkozy, eux aussi, comme peu avant les pauvres de la jacquerie de banlieue.
Je pense ensuite à un vrai vieux communiste qui me méprise et qui peut penser, tout fraternel avec le serveur dans un restaurant de qualité, que ces jeunes ne vont pas aller loin, qu’ils n’ont même pas lu Le Capital. Enfin, je fais partie du lot, je n’ai pas lu "directement" Karl Marx. Et je viens de laisser tomber un premier volume d’un ouvrage marxiste. Oui, c’est moi le jeune dont je parle quand je dis "ces livres-là, personne ne les lit aujourd’hui". Et je l’ignore. Je suis piégé entre deux ponts.
Deux idées de texte surgissent marchant vers le Louvre, croisant les ponts. L’idée du suicide. L’idée que ce pouvoir mutant et cynique est un pitbull qu’il faut tuer.
 Monsieur, je veux demander une aide au suicide.
 Le suicide est difficile, c’est un acte unique, sauf si vous voulez de moi un coup de main pour plusieurs tentatives de suicide, ce qui est plus facile mais en même temps encore difficile. Pourquoi ne voulez-vous pas que je vous fasse assassiner ? Cela revient au même, et reste héroïque. Et il ne me manquent pas les raisons pour le faire.
 Parce que c’est humiliant d’être tué, Monsieur, et je m’oppose de toutes mes forces, vous n’aurez jamais une facilité pour ça de ma part. Je veux un suicide, mourir quand je le veux, et à ma façon, et c’est ça qui m’amène à vous.
 Ecoutez, vous refusez l’assassinat et les tentatives de suicide, si je n’ai pas mal compris, pourquoi ne pas pratiquer plutôt l’autodestruction ? C’est plus lent, mais ça permet de jouir, toute la société va vous donner un coup de main, ça marche aussi du côté légende...
 Non Monsieur, je veux un suicide en grande partie à cause des gens comme vous et je veux l’acte unique. Je ne veux pas devenir esclave des produits de consommation pour s’auto-détruire et je les trouve aussi humiliants au fond que l’assassinat de tout-à-l’heure. Le suicide est pour moi comme si je tuais le pitbull qu’allait me tuer.
 Noyez vous dans la Seine, tout de suite, par exemple, comme Paul Celan.
 Mais Celan l’a déjà fait pour moi, ça, je veux apporter du nouveau au domaine du suicide... Je suis original et créatif, comme vous. J’avais pensé à dissoudre un rouge très toxique, le cinabre, dans de l’essence de térébenthine et le boire dans un verre en cristal.
 Ah.
 Mais je n’ai pas envie d’avaler ça.
 Et le coma éthylique ? je sais que vous avez une bouteille de vodka.
 Je pourrais faire de folies, vous voulez ça, Monsieur ?
 Je peux vous aider, maintenant que j’y pense.
 Bien sûr, je le sais, avec vous je serais "le suicidé de la société", comme dans le poème d’Antonin Artaud sur Vincent Van Gogh, ou vous feriez de moi un Werther comme celui de Goethe, en me proposant des amours impossibles.
Mais, vous savez ? Je ne veux pas que vous me donnez de telles quantités d’amour. Mon aide au suicide, c’était pour le votre, je préférais vivre longtemps en vous souhaitant le suicide, mais à présent je serais capable de vous tuer moi-même, d’une seule phrase.
J’écrirais : Tuez le pitbull.
C’est presque onirique, je sais...
Je ne sais pas si les jeunes ou les vieux comprendront, mais celui qui lit dans me pensées comprendra très vite. C’est ça qui compte.
57. riprip (A.R.C.), le mercredi 14 juillet 2010
un chien accroc à la testostérone et dans la force de l’âge me barre le chemin avec cette pétulance typiquement canine clairement assumée. De marque Pitbull, modèle bâtard turbo, noir Hummer, humeur noire, truffe à la fraiche, collier de rappeur. Dans rappeur ya peur. Et dans le front bas du meilleur ami de l’homme ya ma basse électrique dans sa housse, ça ne lui plait pas, il me fixe avec son oeil velu de mâle étincelant de meurtre, émet un grognement rauque et inventif signifiant "n’approche pas chui un dingue". Je fais GENTIL LE CHIEN avec ma magie. Le molosse se met à mordre une balle de foot crevée et la dépose à mes pieds en remuant la queue, anticipant pattes devant le départ du ballon comme font tous ces putains de clébards. Footeux magnétique je shoote dans ce qui naguère fut un objet sphérique non sans avoir par deux fois feinté la frappe pour me jouer du canidé comme d’un défenseur_ça joue bien là, ça va très très vite. C’est conscient comme bête les chiens tu trouves pas ?
58. auddie (C.), le mercredi 14 juillet 2010
Comme la balle, ou ce qu’il en reste, a rebondi sur une twingo mauve puis a traversé la route dans un floc floc caractéristique, déposant bave et amertume un peu partout, le toutou un peu fou la regarde filer sous un petit van wolkswagen orange un peu décrépi, mais dont la châssis taille haute laisse entrevoir l’objet dans la rigole. Tentant. Mais il revient sur moi, l’oeil torve, hyper expressif... la balle, moi, la queue frétillante, puis... immobile... Immobile la queue. WOurf, wouarf, maintenant tu va chercher la baballe mon pote, je veux la baballe ! ou je te veux toi ! Ni une ni deux, je pose ma basse entre lui et moi, regarde dans la vitrine du kebab à qui peut bien appartenir cette créature urbaine extrêmement attachante, puis vers le van duquel s’approchent, comme réglé sur du papier à musique, deux allemandes en short, on a pas peur des 1700 kilomètres, on se barre à Lacanau, chopper du français et quelques vaguelettes. Ok le chien. tu restes là. Moi je traverse. Wouaf.
59. Manuel Montero (A.R.C.), le mercredi 14 juillet 2010
Georges Devereux, dans son prologue à ses études sur la tragédie, disait que dans toute oeuvre d’art l’on sublime de deux choses l’une : les tabous du sexuel, le tabou du meurtre social. Ces idées si je ne me trompe sont dans le courant des réflexions de Georges Bataille sur la littérature (et le Mal). La sublimation (du pur meurtre réel qui ne pourra jamais être souhaitable) est un travail collectif entre les artistes et leur public. Il faut du temps pour définir dans l’oeuvre ce qu’on projette (en tant que "projection" et en tant que "projet"). Je veux en venir au fait que toute démarche touchant vraiment et en profondeur au politique se heurte de prime abord à la violence en tant qu’absolu. Je me réjouis de qu’on puisse, à travers la condition ludique de la créativité, sublimer, c’est à dire, civiliser le fond violent qui sous-tend toute activité vraiment créative. Le scandale, d’accord, mais distillons-le et raffinons-le, ce que vous savez faire, même les fauves quand elles sont roses. En fin de compte le pitbull fait figure sapientiale, nouveau emblème du bestiaire, nouvelle figure de fable : c’est le pouvoir qui a souffert une métamorphose, c’est la violence en tant que production nouvelle de la technologie, ça pourrait être tout ce qui est contemporain de cette nouvelle race de chien, les puces électroniques, le blablabla, la dégradation sociale... mais aussi quelque chose qu’on porte en soi, le pitbull dans nous mêmes, porteurs du Mal en tant qu’êtres humains. Ouf, excusez moi, j’interromps le fil des nouvelles avec des justifications...
60. auddie (C.), le jeudi 15 juillet 2010
personne veut finir l’histoire d’un bassiste au succès qui fait bien plaisir, qui part en vacance à Lacanau en van avec deux allemandes ? (suivi par un pitbull ?!!)
61. auddie (C.), le vendredi 16 juillet 2010
ok alors je m’y colle. ça m’inspire les vacances sur la côte ouest.
62. auddie (C.), le vendredi 16 juillet 2010
On roule déjà depuis un quart d’heure. J’ai fuis Paris, ma salle de répèt, l’odeur du bitume huilé, l’agitation touristique pesante, mon personnage, et la concordance des temps. Maintenant c’est, fond du van, vapeur de cuir, mèches blondes au monoï, nationale 20, et passe la cinquième !
- passe en cinquième !
- na was ? hey frenchie comment tu le dis le petit mot, tou est très chaud !
- il fait très chaud ! warm.
- ah oui. Alors à quoi tu penses frenchie ?
- ne te retournes pas.
- Was ?
Ne te retournes pas. Pars tout devant jusqu’aux limites de l’acceptable. Ne te retournes pas, même si je me demande bien ce qui m’a pris. Bon allez je me retourne. Non ça va le pitbull n’est plus là. Étrange cette impression d’être suivi. J’ai tenu à me mettre sur la banquette arrière. Elles n’ont pas sourcillé un instant. Je me suis approché, j’ai ramassé la balle - c’est la balle du chien- que je leur ai dit, et l’ai lancé sur le trottoir d’en face. Il s’est rué dessus. On a discuté un peu. Le départ, la route, sortir de Paname, comment on fait. Et alors toi tu fais quoi, et puis la provoc’ opportuniste, wanna come ?
A ce moment là on s’est plus trop parlé. Je suis resté à l’arrière de la voiture en battant la mesure, le poste au maximum de toute façon ça faisait pas un pli, j’étais fait.
- mais alors vous êtes réveillé comment ?
- Eh bien, comme ça monsieur l’agent.
- mais elles vous ont laissé votre basse ?
- Oui, ça elles me l’ont laissé.
- Bon. ahaha. hum, excusez-moi. On va vous trouver quelque-chose. un peignoir ça ira ?
- ouais.
63. Manuel Montero (A.R.C.), le samedi 17 juillet 2010
Je peux parler de ce que je fais à présent, comme oeuvre, c’est à dire le dessin. Je dessine comme j’ai dessiné aussi quotidiennement à Grenade. Mon arrivée à Paris, avec des intermittences en Espagne où j’exerçais de préférence le grand tableau à l’huile, avait depuis 2004 été marquée d’abord par le moyen format à l’encre de Chine. Et ce n’était plus pour moi du même ressort que le dessin, c’était quand même au pinceau, je pouvais couvrir, voire diluer, comme parfois, dans de l’eau, dans du lait, dans du thé ou jus de fruits, l’encre.
C’est après la Semana Santa à Grenade, que, cette année, de retour à Paris, j’ai commencé à balancer des quantités de dessins nocturnes sur mon blog. Dans un passage du côté de Saint Germain des Près, en discutant avec une amie de passage à Paris et en prenant un coca-cola au citron (j’ai découvert grâce à elle que la longue cuillère était pour étriper un peu la tranche de citron), donc, amie écrivaine et peintre (tout comme moi), qui était spécialiste en Qi Gong et médecine traditionnelle chinoise, la question d’une séance s’était posée. Elle m’a avertit qu’elle travaillait des cures au feu, une branche des soins en Chine qui demande beaucoup d’adresse et surtout qui laisse des traces dans le corps et qui est très douloureuse. Nous avons échangé des cadeaux pris en chemin, elle m’a offert un tout petit bibelot chinois qui me regarde à présent attentif pendant que j’écris et de l’engrais pour les rosiers, je lui ai offert un livre vendu à même le sol par un maghrébin (un volume de peinture érotique chinoise en fait) lequel j’avais aperçu à Saint Michel dans une confusion pilonable déposée par terre, depuis le bus, à l’allée, me disant que c’était pour elle. La cure au feu. J’ai pensé à cette fureur du dessin dans laquelle je me trouvais et je lui ai dit que puisque le feu éveillait, j’avais besoin à présent de m’endormir, de m’engourdir, de ralentir. Pour l’été, du moins. Peut-être une condition pour retourner à la couleur, je sais pas. Mais j’ai vérifié que ça se passe déjà au cours de la nuit, quand l’aube approche. L’aspect foncièrement intellectuel des dessins de minuit jusqu’à trois heures commence par la suite à devenir plus physique à cause de la tendance à s’endormir.
J’ai dessiné cette autre femme (sujet peut-être de récit, mais pas ici) que vous voyez sur l’image, autour des cinq heures du matin, et elle anticipe la stylisation propre à la fatigue, tout en gardant l’acuité requise pour la transposition du souvenir. Je sens revivre la vision, encore.
64. Manuel Montero (A.R.C.), le samedi 17 juillet 2010
Il a l’air fatigué, le bibelot... ça me fait honte.
65. riprip (A.R.C.), le samedi 17 juillet 2010
Céline a tissé sa toile, j’ai plus qu’à me laisser prendre. Elle a faim aussi. C’est bien fait la nature. C’est pourquoi je milite pour sa préservation. Je me retrouve dans la bagnole de Céline. Je me souviens que je porte le slip et les chaussettes prêtées par mon vieux pote chez qui j’ai passé la nuit dernière (canapé). Chez elle c’est pas possible, y a sa fille de six ans qui dort et son colocataire. Enfin son ex qui est devenu son colocataire, changement de statut. Pas mes oignons. Elle connait un hôtel californication et a sa carte bleue. Elle est cheftaine de rayon à Carrefour, le jour. Elle dort jamais. On roule, on va passer chez l’épicier pour ravitailler, la p’tite chti sexy pose ses conditions de fille respectable.
  Di vouer l’boulot euss l’boulot et l’vie privée euss l’vie privée hein tout ça lo. Di vouer faut riiien dire riiien chnau collèg’ eudmain tout ça lo hein. Vingt dieux l’collèg’ y aimerait po ça lo. Teu comprends bin euskeu j’dis lo Rip di vouer ?
  Pas tout. Mais j’devine.
L’hôtel, un Ibis au bord de l’autoroute. Blindé de hollandais en goguette, les enfants, tout. Il me semble qu’ils en sont au petit-déjeuner. On prend une chambre au premier. Vue sur le parking éclairé, sur les caravanes. A la place des hollandais, je dormirais dans mon mobil home et foutrais la paix aux couples adultères dans les hôtels. Raa, les mauvais nomades qui ne savent pas chier derrière un buisson. Céline inspecte la piaule d’une banalité phénoménale, sauf les sanitaires assez seventies tout en pvc du sol au plafond. A mon avis, c’est lavable au karcher. On allume la télé et sert deux verres de pineau des charentes. Y a que moi qui me ressers. Elle fume clope sur clope, posée sur le lit en soutif, cambrée comme une chatte en chaleur, une jambe pliée vers le haut qui fait houhou. J’ai tombé le tee-shirt, il fait si chaud. Je fredonne en gratouillant sur ma belle Takamine accordée au LA du string, assis sur le rebord du lit.
  Di vouer eut’ veux po m’jouer les mots bleus lo ça m’rappelle chmeu père tout ça lo.
Elle me filme avec son portable en train de jouer torse nu ma version de la chanson de Christophe composée par Jean-Micheton. Romantique nan ?
  Hé di vouer j’aime bin eut’ voix kan t’kantes tout ça lo. Vingt dieux eut’ voix c’est impécab’ lo. T’kantes un peu riiien faux mais comment kça fait riiien bin tout ça lo hein di vouer.
Bon d’accord, je suis pas Serge Lama avant son cancer du larynx chantant sans micro à l’Olympia mais quand même pas faux. J’ai une voix d’auteur.
On passe aux choses sérieuses. Etape par étape. Etape string-vieux slip. Etape à poil sous les draps. Et enfin étape à poil sur les draps. On n’a pas abordé les thèmes du sida et de la contraception. Le contrat semble tacite. Une sacrée affaire, la petite serveuse la nuit et magasinière le jour. Candeur et lubricité comme dirait l’autre. La totale pipe, positions et roucoulement bestiaux. Vue du ciel, blonde. Vue du sol, glabre. La moule à zéro. Ça part pour finir en faciale spéciale dédicace. J’ai une gaule d’enfer. 20 par 6. Pas un mètre, un maître du barreau. En levrette, vue imprenable sur ce cul superbe qui n’aspire qu’à l’élévation. On est tous les deux chauds comme la braise. Je mets quand même du temps à retrouver son prénom pour la surexciter avec des propos salaces. Je suis ailleurs. Le trou. Je me rends compte que jusqu’à présent, je me suis préoccupé que de son boule, ses nibards, sa bouche. Je saurais pas reconnaitre son visage. Elle a des yeux pistolets et ce corps brûlant, point barre. Céline tord son cou comme si elle lisait dans mes pensées. Elle est possédée. La pupille est si dilatée qu’elle a mangé l’iris et le blanc de l’œil. Les beaux yeux de Céline ne sont plus que deux orbites profondes comme le cosmos. On se sent entrainé dedans. A quatre pattes, ses seins pointent comme des stalactites. Sa peau : couleur néon électrique du Norauto qui borde l’autoroute. Atmosphère. Encore plus cambrée et en nage.
  Di vouer t’veux po m’inculer vingt dieux tout ça lo ?
66. riprip (A.R.C.), le dimanche 18 juillet 2010
offre d’emploi non rémunéré
chers amis du comité de lecture élargis de l’esprit je cherche à collaborer non pas avec les boches mais pas loin un authentique chtimi pour récrire les dialogues de céline
si quelqu’un voulait bien
mécherzamimerci
amitiés bloguesques
ps- pour le rôle de céline j’avais pensé que oh my d. ferait vraiment l’affaire_un rôle de composition bien sûr
67. riprip (A.R.C.), le dimanche 18 juillet 2010
SAMI
Toujours fringant et drolatique, Tom réunit le personnel sur la terrasse. Pour vous remercier de l’excellent travail accompli la semaine dernière, J’INVITE TOUTE L’EQUIPE a euh fumer un joint ou deux en cuisine. Prenez vos verres avec vous les amis… Mais oui, je vois bien Sami sans son chien. Sami sachant semer la chienlit doit savoir chialer sans son chien. Hé, Sami, maintenant tu me respectes quand tu me croises ou on s’explique là tout de suite comme des bonhommes ! Sami prend un air dégoûté. Attends, j’veux pas de témoins, viens sur la plage, on va s’expliquer. Je le suis. On fait les 80 mètres qui nous sépare du rivage séquanien. Sami se retourne pour prévenir le coup de trafalgar. Je réitère ma proposition. Sami, tu n’as pas à te comporter de la sorte avec moi, tu me montres du respect comme tout le monde ou on s’explique tout de suite d’homme à homme. Va te faire mettre j’ai pas de respect pour les p’tit pédés de chanteur, attends, je pose mes affaires et mes clefs sur cette souche et on s’explique, petit enculé, j’vais te baiser moi bouge pas. Moi : Je suis prêt. Lui : Tu veux t’expliquer avec moi ou quoi ? Wai, je veux qu’on s’explique sur le champ. Tu veux dire la plage ? C’est une expression. Vas-y toi, j’écoute, es’plique-toi. Sami ce bidon n’ose pas frapper le premier. La plupart des provocateurs n’ont pas de couilles et finissent par tomber sur un type tatillon qui les prend au mot. Voire à la gorge. Je suis bien plus lourd que Sami je place juste une vieille prise de judo que je connais depuis l’âge de six ans. J’immobilise mon adversaire dans le sable, mon poing à quelques centimètres de son blase. Tu m’respectes maintenant ? J’t’emmerde fils de pute j’te respecte pas. Il essaye de m’attraper au cou en lançant ses jambes en ciseaux en vain je connais cette contre-attaque et l’esquive, je rentre la tête, il arrive pas à me choper. J’arme mon poing en l’éloignant un peu du visage ensablé de Sami. C’est bon, c’est bon, il fait en crachant quelques grains. Tant mieux, chui cramé, j’y suis plus dans la tête, ma proie s’évanouit comme l’esprit de la grève. Instant suivant Chasseur tenant un lapin par les oreilles sortant du bois accompagné d’une blonde cool et sexy à peine majeure. Cha va Pach’cal tu profites de la plage ?
68. auddie (C.), le dimanche 18 juillet 2010
qu’est-ce qu’il avait fait le Sami ?
c’est du vécu ?
69. Nourit masson-sékiné (A.C.), le dimanche 18 juillet 2010
64. à Manuel Montero
Le bibelot est-il miroir ? Lui aussi Est-il multiple en Un ? Chinois qui boit le thé n’est pas chinois mais fatigué. Veille à le faire rire, vous en serez ensemble rebridé, avec les rosiers, jusqu’à maturité...
Côte à côté la peinture érotique chinoise et japonaise : les Japonais vivaient-ils dans la terreur d’être englouti - culture insulaire de tremblements de terre ? Les Chinois ont les gonades plus tranquilles semble-t-il ...
Rembrant sur la table me regarde ahuri. La peinture ne monte pas en sève, j’hiverne sous le soleil et ne peux t’envoyer d’image encore, mais tantôt, tantôt.
70. Manuel Montero (A.R.C.), le dimanche 18 juillet 2010
69. à Nourit masson-sékiné
Te souviens tu qu’on nous a pris pour mari et femme (nous taquinait-il) ? J’ai dû dire "eh, oui, nous sommes mariés juste dans la tête". Je ferai rire le bon vieillard. D’ailleurs le dimanche lui réussit, je le vois meilleur mine.
71. riprip (A.R.C.), le dimanche 18 juillet 2010
oh dis #68 il me manquait de respect : pas bonjour toujours en train de me fixer avec de grands gestes de loin l’air mauvais en marmonant des insultes parfois tout haut genre dangereux mais toujours avec son pitt t’as vu
des fois je me dérègle et passe à l’acte histoire de serrer quelques boulons de faire une petite révision
attends ya un deuxième épisode à cette aventure trop lol également
72. la panthère rose (C.), le lundi 19 juillet 2010
LES COCHONNES
(Une expérience insolite de Porcelet)
Porcelet était admirateur du célèbre interprète d’instruments chinois Pa’ Tao Chon. C’étaient même des chansons "exportables" sur lesquelles on avais bien marqué "Made in China", ce que voulait dire dans une langue occidentale que c’était le meilleur de notre terre.
Étant fa’an ou aficionado surtout des paroles, des paroles en général et, dans le cas présent de celles de la musique de Pa’ Tao Chon, et étant comme bon chinois plus doué pour l’originalité que pour la simple imitation, voire "émulation", il se dit qu’il devait consulter une sorcière pour apprendre le mandarin.
Sa tante lui avait conseillé auparavant de tout simplement répéter le mantra "Vladvladvlad", version chinoise gothique du sanskrit "blablaba", et de se mettre comme-ça à l’étude. Mais Porcelet songeait d’une purification au feu.
La sorcière était absente, c’était normal, dans sa demeure de noirceur c’était comme ça qu’elle recevait et soignait. Il s’installa sur une espèce de trône ourlé de caoutchouc et voûté de toiles d’araignée, lieu onirique dont les secrets sont fantastiques. Porcelet le savait par les récits de Marco Porno et autres connaisseurs de la rondeur de la terre. La magie fit un premier effet spécial, il comprenait les lettres d’un message qui l’était adressé, sur un papier de riz qui tomba du ciel. Mais l’effet s’estompa, il dut faire le vide bouddhique pour ne pas paniquer. Il se souvenait que le texte qu’il avait dans un instant mis en lumière dans le papier de riz était un vieux poème d’amour, Tristram et Shandy, dont l’allemand Richard Wagner avait fait une opéra. Mais le poème devait revêtir une signification pour lui, dans les procédés de cure chamanique auxquels il avait décidé de se soumettre.
Le papier de riz brûla entre ses lèvres, faisant disparaître toute possibilité de relecture du poème. C’était la cure au feu, déjà ? Avait-il appris le mandarin ?
La musique de Pa’ Tao Chon commença à sonner, comme sortie du métal fondant que des aides venaient faire couler aux pieds de Porcelet. Il était question de l’énigme poétique. Elle chanta l’histoire de Tristram et Shandy, deux jeunes amoureux très précoces. Ils s’envoyaient déjà des messages d’amour quand ils étaient des embryons dans le ventre de leurs mères. Alors, au tout commencement de leurs amours, ils s’étaient décidés de suivre l’exemple du maître du Tao Te King, le savant Lao Tse qui rejoignit le ventre de sa mère tout au long d’un siècle de grossesse en faisant juste des petites sorties furtives étudier les anciens pendant que sa mère dormait. Ainsi quand il naquit il était déjà un révolté à l’âge de la retraite, barbe blanche et chignon teinté et négligé.
S’aimer, s’aimer, se disait-t-il dans la demeure vide. S’aimer depuis le ventre de nos mères, poursuivit-il, en parfait mandarin. Mais c’était trop dur pour le chanter dans les sérénades, il devait avoir un erratum quelque part.
La sorcière l’inspirait, même absente, mais cela était de la philosophie dans sa tête, pendant que les orchidées géantes qui poussaient dans le noir regorgeaient de l’érotisme et qu’il sentit deux femmes bien connues de lui s’approcher de sa mémoire. Deux cochonnes, dans un poème érotique de son maître à penser. Il savait qu’il était cochon, et qu’il appelait cochonne sa compagne Gruette, juste pour la faire jouir et recevoir son Chi, mais que c’était en tant que femmes qu’il avait toujours procédé avec les femmes, c’est à dire des êtres humains.
L’on a dit que les Japonais, et avec eux les Chinois, ne sont pas touchés du sentiment de culpabilité. Mais les jésuites présents dans son canton l’avaient introduit, suivant les ordres d’Athanasius Kircher, à la pensée de Kierkegaard et au quichottisme d’Ignace de Loyola et Léopold Sacher-Masoch. Le premier postulait séduire les femmes, mais ne pas assouvir ses souhaits ni les toucher. Le deuxième postulait de les endoctriner et leur montrer des images, tout en leur racontant combien on pleurait à la messe le jour avant. Le troisième en revanche était obscur à interpréter pour Porcelet, et fascinant dans l’incunable de Crepax et l’exégèse de Gilles Deleuze.
Il sût que, dans la magique ruine où une nuit semblait s’être passée, il avait été soigné sans être soigné. Que les méthodes de cette sorcière passaient par le moment où un vide bouddhique s’était installé, donc, qu’elles étaient syncrétiques comme tout dans la Chine et comme lui il avait tellement de temps célébré. Il se rappela de son travail de cartomancien, à une époque, quand Pourceau était très petit et il fallait survivre avec la maman à Pékin. Dans des lieux mal aérés et obscurs lui aussi parlait à travers les parois avec des consultants anonymes qui voulaient connaître l’avenir.
Il désirait la sorcière, mais il la voulait comme-ça, comme dans la grossesse prolongée de Lao Tsé, invisible, et comme dans l’histoire des deux amants, dérobée et secrète, mais chantée par les plus raffinés des musiciens. L’idée qu’elle vienne pour de vrai le donnait chaud et le faisait bander, en spirale, il perdait son calme, sa concentration. Il se voyait chevauché par un corps de flammes, transpercé par le Chi du Yin Yang, par leur tourbillon. La sensation d’être pris physiquement par le désir d’une déesse lui fit un peu peur. Toutes les deux, les femmes dans sa mémoire avaient dit des phrases comme l’une : "vous êtes un homme tourmenté, ami Porcelet", et l’autre, sa Gruette qui avait écrit dans un volume savant : "rien n’est simple chez Porcelet".
Le renoncement aux soins, c’était ça qui lui apparut plus sage, dès que l’odeur de fumée lui rentra par les narines. Peu importe l’encens. Du bois, tout vient du bois, du coup de hache sous les arbres. Il reviendrait chez la sorcière, puisque l’idée d’être artiste comme Pa’ Tao Chon continuait de l’exciter, et puisqu’il savait qu’il l’était depuis le ventre de sa mère, maintenant. Il prit, feignant que c’était un geste machinal, un peu de l’ourlet de caoutchouc du trône (une douzaine de rondelles, sa culpabilité me dicte de vous préciser) laissa une offrande de cerises et partit.
Mais, bien-sûr, je ne sais pas les jours qui suivraient, mais ce dimanche il avait besoin de sortir au jardin, se promener dans la rue, téléphoner Gruette et lui dire tout simplement qu’il se sentait inspiré, que tout allait bien. Se faire un thé pour la fatigue et se rendre compte qu’il avait quelques soies sur ses tempes qui étaient déjà blanches. Les prendre pour bonnes pour sa coquetterie, se mettre à écrire, à dessiner même de belles femmes plus ou moins ressemblantes à l’une ou l’autre.
73. riprip (A.R.C.), le lundi 19 juillet 2010
SAMI 2 LE RETOUR
« Du bout de ma planche, j’observe les décolletés en V / Sommes tous bien arrivé, amitiés / D’ici on pourrait croire que la vue est imprenable / Tout est si calme ce soir / Puis-je hurler ? / Faudra bien rentrer améliorer le schuss / Pour glisser vous séduire, of course / L’hypothèse d’un malentendu est exclue / Madame n’a cessé d’être douce / Echantillon décolleté en V / Pourquoi m’as-tu quitté ? / Flèche assortie / Seule particularité élégaaaaance. Je joue ma reprise préférée. Ma version. Du bout de ma planche j’observe la fin de l’été / Tout est si calme ce soir / Puis-je frimer ? / Arrivera- t-on seulement à tout goudronner / Mon absolution, puis-je cogner ? Ça sent le vécu. Faudra bien rentrer améliorer le schuss / Madame n’a cessé d’être douce. Céline joue la groupie de service fringuée comme une pute et ne cesse d’être douce. Sommes-nous certains d’être sûrs d’être détendus / Tout est si calme ce soir / Puis-je être ému ? / Echantillon décolleté en V J’adore ça ce soir. Pourquoi m’as-tu quitté ? / Flèche assortie / Seule particularité élégaaaance / Du bout de ma planche, j’observe les décolletés en V / Tout est si calme ce soir / Puis-je hurler / J’étais sur le point de faire une réflexion / Madame n’a cessé, cessé d’être douce / Faudra bien rentrer améliorer le schuss… Ce dingue de Sami déboule dans le resto et me braque avec un Manurhin. Aaaaaaa, sale traitre qui m’a pris en traitre, alors ? Tu fais moins le malin maint’nant hein espèce de sale traitre HEIN alors ? A la vue du flingue ça fait WOOF la salle disparait sous les tables. Un claquement de doigt. Une main sort d’une nappe, attrape un verre de vin, il y a un bruit de godet sifflé cul-sec, la main repose le verre vide et redisparait sous la table. Keskeu tu fous Sami ? Regarde autour de toi, y a…euh…y avait…25 témoins. Tu veux m’tuer ? Tu vas prendre 25 ans, mon pauvre, 1 an par témoin sous les tables, c’est ce que tu veux Sami, purger 25 ans à Fleury-Mérogis, C’EST CE QUE TU VEUX ? Pose ce truc, idiot, ça ne sert à rien, Sami, faisons la paix et serrons-nous la main. Aaaaaaarg, tu m’as pris en traitre à la plage. Je sers pas la main à un traitre, moi. Attends, quel traitre ? Je t’ai laissé poser tes clefs, te retourner… Viens, on sort, on va se rebattre, mais ce coup-ci à la loyale ! Bah viiiiiens maint’nant. Flingue rangé. Ok. Allez. On y reva. Toujours pro je fais dans le micro : mesdames zé mesdames, c’est la pause, j’vais me battre et j’reviens. Tout le monde sort de sous les tables et demande l’addition-et-les-manteaux-s’il-vous-plait. Une bonne clientèle bien élevée. Céline se précipite vers moi toute énamourée et inquiète au possible comme dans ces délicieuses séries à la marmelade de violons. Rip di vouer tout ça lo, vazy po vingt dieux, mon chtio banhomme lo. Snif, snif. Taka po ti rendre vingt dieux, c’est trop boubourse tout ça lo. Snif, snif. Tu pleures, ma chtiote nénette ? Ba non ça mon nez ki coule lo di vouer. Tiens tiens comme on se retrouve derrière avec Sami en tête à tête. Lunette débarque au même moment l’air contrarié. Avec lui ya Sacha, un gros lard, et un boxeur catégorie lourd-léger. Lunette fait à Sami : le véhicule est pas là kestu branles encore espèce de bon à rien ? Ya la voiture d’un client qui gène j’peux pas manœuvrer chouine Sami. Relève la plaque et peut-être que Monsieur qui est musicien voudra bien faire une annonce au micro nous on va boire un verre. Lunette s’engouffre, le gros Sacha suit en marmonant à quoi bon un chauffeur qui ne sache pas faire une marche arrière, le lourd-léger ferme le cortège regard vide lâche bonsoir monsieur. J’me retourne Sami me colle une méchante droite par surprise, pas le temps d’esquiver, me touche à la pointe du menton. Je joue l’indolore mais je suis sonné. La mâchoire déboité, je fait, c’est bon clac Sami, on est cloc quitte clac maintenant. La plupart des clients ont déguerpi, reste les amateurs de baston ou de musique ou les deux. Je reprends le travail. Mon maxillaire inférieur démis cliquète à contretemps, after beat bochiman quand tu nous tiens, tout pour le groove ! Le propriétaire clac du véhicule clac ouille immatriculé 22 gépété clac 75 est prié de cloc le déplacer atch merchiii
74. auddie (C.), le lundi 19 juillet 2010
yeaaahh !
flingué killé séché
oh les mecs, qu’est-ce qu’on peut faire après tout ça ?
une clope et au lit
demain 8 heures.
la suite au prochain numéro
75. Manuel Montero (A.R.C.), le lundi 19 juillet 2010
Comme disait Paul Bunyan "j’ai d’autres choses à faire que...", mais le bibelot... j’arrive pas à l’endormir, il boit, du thé ? moi, c’est du café (après deux energy drink). J’aurais préféré la sollicitation de fb, ou lire pour de vrai, ou poster chez léo, mais j’ai une question pour :
Nourit !
bonsoir,
un sage fume la pipe
un autre boit du thé
lequel est Tchouang Tsé ?
amitiés,
paix pour tous à Paris
et ailleurs, Nourit
76. Manuel Montero (A.R.C.), le lundi 19 juillet 2010
Je veux dire paix où que vous soyez, Nourit, pour ce qui est de notre conversation, et d’autres amis qui sont dans la rose des vents.
77. Manuel Montero (A.R.C.), le lundi 19 juillet 2010
Ce mot "ailleurs" est le mot de la Chine, du conte, de la fiction, vous pouvez me raconter un récit à clé pour me répondre, chère amie, puisque je voudrais être le seul à connaître le surnom de mon bibelot.
78. la panthère rose (C.), le jeudi 22 juillet 2010
Peut-on pratiquer le Jen-Wu dans l’écriture d’un combat de chevaliers tels Singet et l’amazone Nigra Fair ?
Le Jen-Wu est un métier, quoique élevé, dont Singet avait notice par un fameux traité de peinture. Il prescrit d’accorder avec les poèmes Tang l’allure des personnages perdus dans le paysage ou placés en premier plan. Ainsi, l’un écoute un ruisseau, l’autre se souvient d’un poème, et ainsi de suite. D’ailleurs, moi, je connais en surface cette période littéraire, et puis il s’agit non d’une peinture, mais bien d’une nouvelle, et qui reprend un personnage bâti selon les règles de Spenser, en anglais cramoisi, et l’affronte à un de mes alter ego, Singet.
LE COMBAT HÉTÉROSEXUEL
(une rencontre dans la fable de Singet)
Oui, la première chose qu’il devait se dire de son combat, Singet, c’est que c’était dans la fable, puisque Nigra Faire était une femme chimérique qu’il avait entrevu à peine. Ses servantes, elles, avaient fait connaître par des exercices érotiques toute la puissance guerrière de Nigra Faire à Singet. Je l’écris, son titre de noblesse parmi les esprits, avec une e finale dans le gros du récit pour souligner la parenté avec le Queene de Spenser. Vous ne comprenez rien ?
C’est du petit chinois, apprends à écrire. Qu’est qu’une chinoiserie sinon une écriture qu’on suit sans se poser des questions, sûrs d’attaquer la bonne personne ?
Première question : as tu joui vraiment avec les prostituées ?
Singet se trouva sans cheval, avec même le doute d’avoir jamais chevauché une monture. Je repète, S-I-N-G-E-T rêve d’un cheval et puis il se réveille et c’est le jour.
Nigra Faer, notez bien A et E.
A partir de maintenant, le combat consiste à détruire. Y a-t-il de tels exemples dans le Jen-Wu des Tang ? Un imagier ne peut manquer de matériel. Des horreurs il fait collection, et porte sur eux un regard secret. Singet était romantique, en bon suiveur de la Voie. Sur sa cuirasse chacun portait des stigmates manichéens ou romantiques, suiveurs du blanc dans le noir et de l’ombre dans la flamme, apocalyptiques. On a beaucoup parlé du romantisme dans la Chine, mais on n’a pas assez réalisé le romantisme noir qui va avec. La première couleur que la Chine exporte est le noir de l’encre, loin des laques et du blanc.
I think it was love
Impie écriture du sperme laiteux sur son propre corps un matin au lever.
La bonté, c’est le seul balbutiement qui pût être émis par Singet privé de mémoire mais non de connaissance. La bonté ? Nigra Faere, comme une servante quelconque parmi ses informatrices, le serrait dans ses bras et l’embrassait en souriant d’un goût aigre-douce.
Ils divaguaient dans leur sanglante euphorie, il fallait aller quelque part manger une bonne friture, il fallait tout changer et soudainement ils voulurent être seuls, tête à tête dans le silence.
L’acte s’accomplit pour toujours dans une sensualité que la chimique blessure qu’ils s’étaient infligés ne pouvait pas retenir. Disons au passage que des personnes comme Singet sont sensuelles une fois pour toutes dans leurs vies.
Changeons de disque, mais non de couleur, avait dit le fatal oracle. Il pensait être échappé et la tristesse lui rappela que le racisme dont étaient combattantes ses informatrices était inscrit dans chaque geste de chaque métier, dans le Jen-Wu même, mais avec lui comme ennemi la bataille se déplaçait vers la chambre à miroirs de la peinture.
Qu’est-ce qu’il était en train de faire, Porcelet, qui devait chanter à la guitare la bataille ? Et bien, il avait été interné. On lui avait fait des piqûres abrutissantes, et il connut les maisons de fous des deux pays. Il pût éprouver le nirvana artificiel le plus noir et le plus pervers, celui de la victime. Mais ça se passait comme chez Singet puisqu’il sont tout les deux mes alter ego. Il fixa sa libido, dans le pays où la mixité hommes femmes était permise, et ce fût avec une africaine. Oui, une africaine qui pissa sur lui, comme dans le roman espagnol de Manuel Montero, qu’il faut lire en espagnol, mais qui se passe en partie en France.
Bonté et délivrance.
Puis le CHIFFRISME, Casanova, Kathy Acker, l’envie de sortir fumer.
Le combat hétérosexuel est toujours perdu, puisqu’il est toujours le combat de l’autre sexe, le charme auquel nous sommes soumis, et aussi parce qu’il est incompréhensible, parce qu’une chimère comme monture toujours disparaît au grand jour. Moi même je suis perdu et j’oublie un peu le poème en anglais de Manou et j’essaie des cérémonies de distraction.
Tout soit dit, Singet était décidé à pénétrer ce mystérieux poème, Nigra Fair, qui semblait être une belle femme, mais seulement par l’esprit, s’abandonnant à l’ivresse en solitaire, et aux souvenirs de ce que Porcelet appelait les servantes.
Peu importe le ton, c’est l’aveu qui compte, dans l’inquisition de l’amour courtois et dans le corps à corps. Et si le ton était important ? Non seulement celui du discours, de l’aveu, de l’identité, du visage, mais aussi celui des épaules, celui de l’oreiller noirci par ma sueur quotidienne. Ainsi le silence et la distance qui nous séparent, de par le récit de nos mobiles, décident du sort dans la bataille. Personne, chère Pandora (je t’embrasse, je te tutoie parce que je suis la panthère rose, un voyou et parce que tu n’est pas Pandora, mais Nigra Faer, soit une autre) sinon le manchot et l’escroc emprisonné qui était Cervantes pourrait éprouver ce succès de la paranoïa, dans lequel il ne retira aucun bénéfice, que fût le Quichotte. Une parodie qui plût. Qui fût prise pour modèle. Tandis qu’il chérissait son Persiles, une oeuvre à présent oubliée.
79. la panthère rose (C.), le jeudi 22 juillet 2010
Recall
¿Sabes que he escrito un panfleto contra ti ? Sólo para llamar tu atención... Je dirais à la femme de pouvoir un jour de corrida au mois de septembre, si elle est dispo. Un pamphlet en six volumes illustrés, et encore, un blog avec une série de ramifications, toute mon oeuvre construite contre cette femme. Une cohérence dans la démarche, celle du prétendant dépité, qui rêve au fond du froufrou d’un dévouement intime, d’une pluie d’or dans l’ombre d’une chambre madrilène. Il ne vivra jamais à Madrid, ce sera un rêve.


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Les trois fruits

mardi, mi-septembre 2014

Place ***

Assis au café je remarque qu’avec le marché populaire et la terrasse de café sur le même espace, tout le monde est en train de délirer. Moi-même j’ai dû chercher l’inspiration pour venir peut-être assister à un cour de yoga, comme à l’époque de mon arrivée à Paris. Côté yoga non seulement je n’ai pas évolué, mais au début j’ai vécu de mes acquis, puis je les ai perdu. Cela dévient plus éprouvant de recommencer que de simplement commencer.

Je porte avec moi, à part un « que sais-je ? » de Claude Hagège, le « Xiyou ji » de Wu Cheng’en : le singe pèlerin, et je l’explore par plombées. Le même sentiment d’impuissance que pour le yoga, en égard de ce monument mythique. J’attends aussi « de descendre sur terre » depuis ce que j’ai fumé à la maison de ***. Je ne savais pas quoi faire.

Les préventions et sursauts m’empêchaient de me concentrer sur rien. Donc, je viens, en rentrant dans le cours de yoga, de vivre ma « descente » confié à l’autorité de ma nouvelle professeur. **** qui avait été ma professeur était bien là, et je l’ai salué. Mais, je me suis penché pour changer de personne. (en cours d’écriture)